samedi 6 août 2022

Stage & Stage (représentations)

Femke Dekkers,

Untitled, still, Inkjetprint on dibond 80 x 120 cm, 2010

et (painting), direct positive paper-fiber based 10 x 12,5 cm, 2013  

Femke Dekkers, Atelier Haagweg, Breda, 2013
Le "tableau" de Femke Dekkers "a lieu". Tout commence par une clôture, celle du cadre délimité par l'appareil photo. Une visée (à distance) une projection (sur la pellicule ou le plan film) et quelques déclics (des arrêts). C'est dans ce morceau d'espace visé par l'appareil que le tableau arrive. Tableau ou photo ou installation, les trois. Il y a quelque chose qui se déroule, l'artiste transforme l'espace au cours une durée que nous ne connaîtrons pas. Nous scrutons des traces, nous comparons, nous cherchons les articulations des plans, nous imaginons le hors champ (spatial ou temporel). Dans ce travail, peinture et photographie sont deux représentations. La première dans le sens théâtrale d'une action (muette ?) se déroulant dans un espace physique restreint, la seconde dans le sens d'un document, d'une reproduction. Ce théâtre a pour personnage l'espace lui-même. La scène est simple ou compliquée suivant le nombre des péripéties. Le dispositif permet ici de rendre photographique et transportable le quatrième mur que Diderot plaçait entre les acteurs et les spectateurs. "Jouez comme si la toile ne se levait pas." disait-il. Quand Femke Dekkers lève le volet de son chassis à plan film, juste avant le déclic c'est consciente qu'elle diffère ainsi le regard du spectateur, qu'elle fait entrer la peinture dans un processus d'écriture, d'espacement.
Femke Dekkers, Stage 4 (black square), Stage 9 (abracadabra), Stage 10 (green), Stage 13 (left), Stage 16 (right), Stage 18 (erased), impressions jet d'encre, 2013
Femke Dekkers, Stage 22 (Rearranged), impression jet d'encre sur dibond 63 x 80 cm, 2013

En utilisant l'appareil photo, je délimite des morceaux d'espace. À l'intérieur de ces marques, je crée des compositions provisoires qui produisent, pour l'appareil, une image frontale et équilibrée. Comme j'utilise des appareils analogiques, je travaille toujours en vue de l'instant du « clic » photographique. Parfois, en utilisant comme "toile", l'espace en face de l'objectif, j'ai davantage l'impression de peindre que de prendre des photos. 

Le titre de ma nouvelle série est « Stages », un mot qui fait référence non seulement aux différentes étapes par lesquelles passent les installations, mais aussi à une scène sur laquelle la photographie « a lieu ». Chaque pièce de la série est un décor réalisé pour le point de vue particulier de l'appareil photo. 

Je peins, ou fixe, des matériaux sur les murs et sur le sol et je laisse les formes se matérialiser de cette façon. En fait, ce sont des décors presque vides. Au départ, je voulais que ce travail fasse référence à la photographie avec sa découpe plate et rectangulaire et ses différents formats et négatifs. Après avoir travaillé pendant un certain temps, "l'action a fait son entrée en scène", ce qui a créé un espace pour que d'autres formes évoluent également. 

J'essaie de rendre tangible la tension entre mon désir de perfection et mon incapacité à l'atteindre. C'est cette impossibilité qui est à la base de mon travail : la tragédie de l'effort, qui aboutit toujours au "tout à fait parfait". FD

Femke Dekkers dans l'atelier &  Robert Rauschenberg accrochant

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