Bruce Nauman, Walk with Contrapposto,1968, 60mn, vidéo nb |
Bruce Nauman, Contrapposto Split, 2017, 4K 120fps 3D projection |
Bruce Nauman, Contrapposto Studies, I through VII, 2015-16, intallation 7 vidéos |
Les travaux plus récents, qui sont des vidéos en 3D sont plus personnels : on y voit mon corps entier et mon visage. C'est Walk with Contrapposto version 3D (Contrapposto Split, 2017). Je marche depuis le mur de l'atelier, six ou sept mètres en avant puis je fais demi-tour à nouveau jusqu'au mur, ainsi de suite, tout ça en Contrapposto (une marche très déhanchée). Je voulais la 3D. On a utilisé deux iPhones sur des trépieds à roulettes posés sur des rails. J'ai fait ça pendant une heure. Dans la pièce originale de 1968, la caméra était fixe et c'est moi seul qui, une heure durant, marchais et faisais demi-tour pour revenir sur mes pas, dans un couloir que j'avais fabriqué pour ça. Là, je voulais que la silhouette garde la même taille à l'image et que ce soit le fond qui change. La caméra doit donc me suivre pour garder le même cadrage, calée sur ma taille. Comme les iPhones ont une profondeur de champ énorme, l'arrière-plan reste net. Ensuite on lance le programme puis avec un petit projecteur et des lunettes on peut faire une vidéo en 3D. C'est un peu flou. Ce n'est pas génial et du coup on a fini par embaucher une équipe d'Hollywood, un équipement vraiment très cher, du vrai matériel de vrais cinéastes. Il y avait douze personnes. Il a fallu installer une tente, prévoir la restauration parce que les syndicats exigent qu'il y ait un un petit déjeuner et un déjeuner chaud. On a beaucoup appris de l'assistant du réalisateur Ang Lee qui avait déjà fait un film en 4K, la plus haute résolution, 120 images par seconde en 3D. À 120 images par seconde en 4K, il n'y a aucune zone d'ombre : que de l'information. Quand un type tire à la mitraillette, tu vois toutes les balles. Beaucoup de gens ne peuvent pas voir ce genre de film car il y a trop d'informations, il faut avoir l'habitude.
Quoi qu'il en soit, on a tourné comme ça. Il fallait ensuite un certain projecteur, je crois qu'il n'existe qu'un seul projecteur au monde adapté à cette technique. J'ai dû l'acheter. Là je le loue au musée. Il fallait aussi un ordinateur capable de contenir cette énorme quantité d'informations, 16 disques durs pour une œuvre de 14 minutes et demi. C'est tellement d'informations tout ça, ça n'intéresse aucun réalisateur. Personne ne peut gérer. On a tourné nous-mêmes, pendant quelques jours. Ensuite j'ai divisé le film en deux horizontalement, de sorte que la moitié du haut fasse autre chose que la moitié du bas. Je voulais le diviser davantage mais en 3D c'est impossible de voir par moitié. On ne peut pas lire l'image. Il y a trop de choses à regarder.
Statue de Polyclète - Rineke Dijkstra, Kolobrzeg, Poland, 26 juillet 1992 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire