mercredi 14 mai 2014

La main nécessaire (3)

Rudolf von Laban, Bruce McLean, Lygia Clark, Walker Evans et Gabriel Orozco

Des mains qui font et qui défont.

Rudolf von Laban, “Die Welt des Tänzers“, Stuttgart 1920
Bruce McLean, Tea On The Knee, 1979
Lygia Clark, Dialogue de mains (Diálogo de Mãos), 1966
Lygia Clark, Caminhando, 1963
Walker Evans, Flood refugees, Forrest City, Arkansas, 1937
Gabriel Orozco, My hands are my Heart, 1991

vendredi 9 mai 2014

Sol, mur, plafond (1)

Zoe Leonard, Boris Lehman, Mariah Robertson, Sophie Ristelhueber
Zoe Leonard, Survey, 2009-2012, 6 266 cartes postales sur table, installation, Camden Arts Centre, Londres
Boris Lehman, cinéaste
Mariah Robertson, 2010, tirage photographique unique sur un rouleau entier de papier archival brillant, 76,2 x 3048 cm
Sophie Ristelhueber, La Campagne, 1997

La série Sol, mur, plafond est un inventaire des différentes manières de montrer les photographies dans l'espace.
La taille, le tirage ou l'impression, le support, son épaisseur, sa rigidité, l'accrochage, l'empilement ou la juxtaposition, donc la visibilité ou pas, poser, lever, coller, appuyer, l'agencement, la nature des rapports, les registres d'images, l'intervention d'autres objets, ou de la couleur, le cadre, ou pas, la pérénité ou la précarité de la présentation, l'utilisation d'une structure portante ou du marouflage, la rigidité de la disposition, son ordre, ou les aléas d'un entassement, hasard ou mesure ... autant de paramètres qui déterminent l'existence des pictures, toutes les manières dont l'image peut prendre corps dans un espace. (selon W.J.T. Mitchell)

vendredi 2 mai 2014

figure-figure

Gordon Matta-Clark, Splitting, 1974 - Travaux photographiques
L'art narratif a gâché un certain type d'association entre les mots et les images. Mais on peut voir tout le mérite de certains ensembles d’images photographiques qui essaient, comme dans ce cas, d’interpréter une situation spatiale à travers une vision très personnelle. Nous pouvons aussi appeler ça une sorte d’espace psychologique. Et ma façon d’interpréter la pièce, comme je le fais maintenant, c’est de partir d’une documentation directe, c’est-à-dire d’une documentation d’instantanés, pour aller vers cette espèce de "documentation/temps-d’évolution-de-la pièce" et encore, plus récemment, pour rendre la nature du temps et du mouvement nécessaires à l’expérience de la pièce et, plus encore, pour voir ce qui arrive aux gens dans la pièce.

C’est parti d’un simple instantané, puis une documentation processuelle, puis une sorte de documentation processuelle personnalisée, puis une espèce d’interprétation voyeuriste, puis enfin quelque chose où un regard d’ensemble sur la pièce-en-train-d’être-faite-puis-étant-finie devient une narration sujette à toute sortes de variations. Ce qui s’est passé, c’est que je me suis intéressé systématiquement à la façon de faire des photographies. Travailler avec des photographies m’intéresse et j’essaie d’éviter et de contourner certains clichés propres au traitement de l’image multiple.

Il y a du collage et du montage. J’aime beaucoup l’idée de casser – de la même manière que je découpe les bâtiments. J’aime l’idée que le processus sacré du cadrage photographique est également "susceptible d’être violé". Et je pense que c’est en partie une transposition de la manière dont je traite les bâtiments vers la manière dont je traite la photo. Il y a une utilisation rigide, très académique, littéraire en photo, qui ne m’intéresse pas. Ce n’est même pas que ça ne m’intéresse pas, c’est que je pense que pour ce que je fais, il est nécessaire de rompre avec ça. J’ai commencé en essayant d’utiliser des images multiples pour éprouver et capturer l’expérience globale de la pièce. Comme une sorte d’approximation d’une approche ambulatoire de ce qu’est l’espace. En gros, comme moyen de traverser l’espace. On le traverse de plusieurs manières. On peut le traverser juste en bougeant la tête. Ou par de simples mouvements des yeux qui défient l’appareil. Vous savez c’est très facile de tromper un appareil, de surpasser un appareil. Avec le champ de vision périphérique, tout léger mouvement de la tête vous donnera plus d’informations que ne peut en donner un appareil.

La pièce est une sorte de scène pour ces travaux photos. Une fois la pièce finie, elle devient un endroit, une espèce de point de référence pour différentes manières de bouger dans l’espace et de revenir sur elle. Ensuite, idéalement elle propose une manière de regarder les gens qui l’occupent. Quelqu’un m’a dit l’autre soir une chose très intéressante. Il m’a dit « Tu traites les gens en tant que figure-figure au lieu de les traiter en tant que figure-fond. » C’est exactement ça. Vous savez, même si c’est produit géométriquement, vous avez un espace organique et les personnes servent à le ré-animer en quelque sorte, et à le mettre dans une espèce de perspective.

Je fais une distinction très claire entre ce que j’appelle des travaux photographiques et une documentation photographique.

Gordon Matta-Clark, extraits de l'entretien réalisé avec Judith Russi Kirshner, le 13 février 1978 au Museum of Contemporary Art, Chicago
(traduction fg)


Gordon Matta-Clark, Circus-Caribbean Orange, 1978 
Gordon Matta-ClarkCircus-Caribbean Orange, 1978 - cibachrome
Gordon Matta-Clark, Circus-Caribbean Orange, 1978  
Gordon Matta-Clark, Circus-Caribbean Orange, 1978