lundi 22 septembre 2014

La main nécessaire (5)

Kazimir Malévitch, travailleuse, 1933, huile sur toile, 71 X 66 cm
Alfred Stieglitz, Georgia O'Keeffe Hands, photographie,1917
Kazimir Malévitch, autoportrait, 1933, huile sur toile, 70 X 66 cm
Kazimir Malévitch, portrait d'un jeune, 1933, huile sur toile, 52 X 99 cm
Kazimir Malévitch, Smith, 1933, huile sur toile

Des mains sans objet.   

Kazimir Malévitch
travailleuse, autoportrait, portrait d'un jeune, Smith, 1933  

Alfred Stieglitz,
Georgia O'Keeffe-Hands, photographie,1917

Plautilla Nelli, Madonne, XVIe siècle
Alfred Stieglitz, Georgia O'Keeffe portrait, photographie,1918
La main nécessaire (4)
La main nécessaire (3)
La main nécessaire (2)
La main nécessaire (1)

jeudi 4 septembre 2014

La femme idéale et le soldat en mouvement

Hannah Höch, Pour une fête, 1936
Brassaï, Statue du maréchal Ney dans le brouillard, 193
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Lev Koulechov :
Mais ce que je considère comme plus intéressant encore, c'est la création d'une femme qui n'a jamais existé. J'ai réalisé cette expérience avec mes élèves. Je tournais la scène d'une femme à sa toilette : elle se coiffait, se fardait, mettait ses bas, ses souliers, passait sa robe... Et voilà : j'ai filmé le visage, la tête, la chevelure, les mains, les jambes, les pieds de femmes différentes, mais je les ai montés comme s'il s'agissait d'une seule femme et, grâce au montage, je suis arrivé à créer une femme qui n'existait pas dans la réalité, mais qui existait réellement au cinéma. On n'a guère écrit sur cette dernière expérience. J'avais conservé le montage très longtemps, il n'a été perdu que pendant la guerre. Et là encore, aucun document photographique n'a subsisté. Tout, tout a été perdu...
(extrait d'un entretien réalisé avec Lev Kouleshov le 14 juillet 1965 à Moscou par Marcel Martin et Jean Schnitzer)

Auguste Rodin :
Vous avez cité tout à l'heure le maréchal Ney de François Rude. Et bien, quand vous passerez devant cette statue, regardez-là mieux encore.
Vous remarquerez alors ceci : les jambes du maréchal et la main qui tient le fourreau du sabre sont placées dans l'attitude qu'elles avaient quand il a dégainé : la jambe gauche s'est effacée afin que l'arme s'offrît plus facilement à la main droite qui venait la tirer et, quant à la main gauche, elle est restée un peu en l'air comme si elle présentait encore le fourreau.
Maintenant considérez le torse. Il devait être légèrement incliné vers la gauche au moment où s'exécutait le geste que je viens de décrire ; mais le voilà quise redresse, voilà que la poitrine se bombe, voilà que la tête se tournant vers les soldats rugit l'ordre d'attaquer, voilà qu'enfin le bras droit se lève et brandit le sabre.
Ainsi, vous avez bien là une vérification de ce que je vous disais : le mouvement de cette statue n'est que la métamorphose d'une première attitude, celle que le maréchal avait en dégainant, en une autre, celle qu'il a quand il se précipite vers l'ennemi, l'arme haute.
C'est là tout le secret des gestes que l'art interprète. Le statuaire contraint pour ainsi dire le spectateur à suivre le développement d'un acte dans un personnage. Dans l'exemple que nous avons choisi, les yeux remontent forcément des jambes au bras levé, et comme, durant le chemin qu'ils font, ils trouvent les différentes parties de la statue représentées à de moments successifs, ils ont l'illusion de voir le mouvement s'accomplir.
(extrait des entretiens avec Auguste Rodin réunis par Paul Gsell, 1911)

Il faut photographier le développement d'un acte à l'intérieur d'un personnage.