mardi 29 juin 2010

En rachâchant


Un film de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub tourné en août 1982.
Texte de Marguerite Duras
Photographie : Henri Alekan
Son : Louis Hochet

lundi 28 juin 2010

Chaque image doit trouver sa place




cliquez sur les images pour les agrandir

Le quatrième accrochage réalisé cette année par le groupe de travail Picturediting s'est tenu dans le cadre de la manifestation Pinkpong, le 30 mai 2010, à côté de l'espace de présentation de "Rring-rring", dans le Palais des Arts de l'Esba de Toulouse.

Nouvelle occasion de manipuler les photographies et de préciser, de fait, les concepts qui sous-tendent notre travail. Une certitude en investissant ce jour-là l'espace : nous ne voulons pas refaire, pas répéter, ni une forme ni une méthode mais nous voulons être surpris, au delà de notre fatigue et la fatigue aidant, encore, par ce que peuvent les images, par ce que nous serons capable de mettre à jour dans ce qu'elles peuvent nous dire. C'est le pari.

Place

Toutes les images ont la même importance et chacune doit trouver sa place. Sa place : l'endroit où elle est tout ce qu'elle est et non seulement un élément d'un ensemble. Nous n'agençons pas un ensemble d'images mais chacune des images trouve sa place. Ce qui change d'une installation à l'autre c'est l'endroit où se trouve la place de chaque image.

Différentiels

On ne crée pas des rapports d'images mais des différentiels entre les images. Le différentiel entre deux images change suivant l'ensemble dans lequel il est inclus. Par exemple : Entre les mots Noir et Blanc il existe un différentiel. Si on considère maintenant Noir, Blanc et Rouge, le différentiel entre Noir et Blanc a changé. Il n'est plus aussi extrême, en combinant son intensité aux autres intensités en présence, il se module différemment. De même pour les images.

Surfaces

On ne crée pas des rapports d'images mais des rapports de surfaces dans l'espace. On manipule d'abord des surfaces plus ou moins grandes, de proportions différentes. A l'intérieur de ces surfaces des images apparaissent et cohabitent de manière parfois imprévue. Nous considérons l'image à la surface après la surface dans l'espace parce que l'image influe sur la qualité de la surface. C'est parfois leur rapport de taille qui permet à deux images d'être juxtaposées.

Segments

Cette fois-ci, nous n'avons pas combiné des unités (photographies) dans l'espace mais nous avons combiné dans l'espace des segments constitués de plusieurs unités hétéroclites, c'est-à-dire nous avons construit un ensemble d'ensemble. Chaque segments a été d'abord construit suivant une direction spatiale ou sémantique propre (groupes verticaux du premier mur, groupe d'images superposées, groupe narratif du mur du fond, long groupe horizontal sur le troisième mur...) La double direction ainsi produite : sens des segments les uns par rapport aux autres + sens à l'intérieur de chaque segment a permis d'augmenter les différentiels entre les images (différentiels de tailles, de nature, de qualité)

fg

Toutes les images de l'accrochage dans Pinkpong sont sur flickr : ici. (cliquez en haut à droite sur diaporama pour les visualiser successivement)

lundi 21 juin 2010

Lev Koulechov, Eugène Chevreul





Dans l'expérience que Lev Koulechov réalise en 1917, le spectateur croit voir trois expressions différentes sur le même plan du visage de l'acteur, impassible, associé à trois autres plans (dont deux sont des photographies). Kouleshov démontre ainsi que le sens n'est pas propre à l'image mais se construit au montage des plans qui interagissent les uns avec les autres.
C'est parce que les gens disaient que les noirs des tapisseries des Gobelins n'étaient pas bons, que Eugène Chevreul, après avoir vérifié la qualité chimique des couleurs s'est intéressé à la perception de ces couleurs. Il déduit alors que l'on ne perçoit pas de même façon un échantillon de couleur quand il est isolé et quand il est juxtaposé à d'autres couleurs. C'est le début d'une longue enquête. En 1839 il énoncera la loi du contraste simultané : la modification qui se produit entre deux couleurs juxtaposées consiste en ceci que chacune ajoute à l'autre un peu de sa complémentaire. Mais en 1828, il aboutit à cette idée : dans le cas où l'oeil voit en même temps deux couleurs qui se touchent, il les voit les plus dissemblables possible.
Une image contamine l'autre de sorte qu'elles se lient.
Une couleur contamine l'autre de sorte qu'elles s'opposent.

vendredi 18 juin 2010

La main nécessaire

Si Gilles Deleuze montre la main en la nommant, Henri Alekan l'utilise pour construire un plan de lumière au même titre que le fond de l'image et le visage. Pour Laszlo Moholy Nagy la main projette un espace ouvert et dynamique et Roland Barthes dira dans La chambre claire, de celles d'Andy Warhol qu'elles ne cachent rien mais se donnent ouvertement à lire. (fg)

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"...Le cinéma bressonien se présente comme une série de petits morceaux dont la connexion n'est pas prédéterminée. Bresson a été un des premiers à faire de l'espace avec des petits morceaux déconnectés c'est-à-dire des petits morceaux dont la connexion n'est pas prédéterminée. Ces petits morceaux d'espace visuel dont la connexion n'est pas donnée d'avance, par quoi voulez-vous qu'ils soient connectés sinon par la main.

Le type d'espace de Bresson et la valorisation cinématographique de la main dans l'image sont éminemment liés. Le raccordement des petits bouts d'espace bressonien, du fait même que ce sont des bouts, des morceaux déconnectés d'espace, ne peut être qu'un raccordement manuel d'où l'exhaustion  de la main dans tout le cinéma de Bresson...

Il n'y a plus que la main qui puisse effectivement opérer des connexions d'une partie à l'autre de l'espace, et Bresson est sans doute le plus grand cinéaste à avoir réintroduit dans le cinéma les valeurs tactiles. Pas simplement parce qu'il sait prendre en images admirablement les mains mais, si il sait prendre admirablement les mains en images, c'est parce qu'il a besoin des mains.

Un créateur n'est pas quelqu'un qui travaille pour le plaisir, un créateur ne fait que ce dont il a absolument besoin..."

extrait de la conférence "Qu'est-ce que l'acte créateur" donnée par Gilles Deleuze à la Femis en mai 1987

Pour voir un extrait du film Pickpocket de Robert Bresson

Henri Alekan est le chef opérateur de le Belle et la bête de Jean Cocteau mais aussi des Ailes du désir de Wim Wenders

sur Laszlo Moholy Nagy, le site de la fondation

et les photographies de Duane Michals