lundi 27 août 2012
lundi 20 août 2012
Intelligence liquide
Je vois ceci parfois comme une confrontation entre ce que
l'on pourrait appeler "l'intelligence liquide" de la nature et le
caractère vitrifié et relativement "sec" de la photographie comme
forme instituée. L'eau joue un rôle essentiel dans la fabrication des
photographies, mais il faut la contrôler avec précision, l'empêcher de déborder
des espaces et des moments qui lui sont réservés dans le processus de
fabrication, ou bien l'image sera détruite. Vous ne pouvez certainement pas
accepter qu'il y ait de l'eau dans votre appareil photo, par exemple!
L'eau représente donc pour moi, sur un plan symbolique, un
archaïsme. (...) Cet archaïsme de l'eau, des produits chimiques liquides, relie
la photographie au passé, au temps, de manière significative. Quand je dis que
l'eau est un "archaïsme", je veux dire quelle porte la trace et la
mémoire de processus de production très anciens - du lavage, du blanchissage,
de la dissolution, etc., qui se rapportent aux origines de la techné - tels que la séparation des
minerais dans les exploitations minières primitives, par exemple. Dans ce sens,
l'écho de l'eau en photographie évoque sa préhistoire. Je crois que cette image
"préhistorique" de la photographie (...) peut nous aider à comprendre
différemment ce qu'il y a de "sec" dans la photographie. Ce
"sec", je l'identifie avec l'optique et la mécanique, avec l'objectif
et l'obturateur de l'appareil, du projecteur, de l'agrandisseur. Cette part de
la photographie est d'ordinaire associée à la capacité technologique
particulière de la prise de vue, à la nature balistique ou projectile de la
vision quand elle est augmentée et
intensifiée par le verre (l'objectif) et par la machinerie (obturateur). Ce
type de vision moderne a été, dans une large mesure, coupé de la sensation
d'immersion dans l'incalculable que j'associe à "l'intelligence liquide".
(...)
Il devient clair maintenant que les systèmes d'information
électroniques et digitaux, produits par la vidéo et les ordinateurs, vont
remplacer la pellicule photographique (...) il y aura un nouveau déplacement de
l'eau dans la photographie. (...)
Dans la photographie, le liquide nous observe, même de très
loin.
Jeff Wall, Photographie et intelligence liquide, 1989, dans Essais et entretiens, 1984-2001 Ecole Nationale Supérieur des Beaux-Arts, 2001
Pour l'exposition Universelle de 1900, Louis Lumière utilisa
un écran géant humidifié pour permettre aux spectateurs de voir l'image
projetée depuis les deux côtés de la salle.
La lentille liquide adapte sa focale en modifiant sa forme.
Comme le fait notre oeil. Elle permet d'adapter l'optique aux
systèmes miniaturisés, pour les caméras numériques par exemple. Ici, c'est l'interface entre deux
liquides de même densité qui détermine le réglage autofocus.
Il faut que l'eau se déplace dans le processus photographique.
dimanche 19 août 2012
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