lundi 29 août 2011

Les dormeurs

If anybody

is sleepy

,

let him go to sleep

.

John Cage, Lecture on Nothing, 1950

...on trouva d'intrépides amateurs qui eurent assez de courage pour s'exposer, les yeux ouverts, à la lumière solaire,tout en gardant une indispensable immobilité, pendant la durée de l'insolation de la plaque. Mais si de temps à autre on obtenait une image assez satisfaisante, dans la plupart des cas, au lieu de portraits, on retrouvait sur le miroir métallique des figures grimaçantes avec les muscles de la face contractés, des yeux sans paupières ou indiqués par une touche incertaine, forcés qu'étaient les patients de les fermer à de fréquents intervalles, pour les soustraire à la douleur que leur causait le soleil.

Des nouveaux procédés de la photographie, l'Artiste, 1841 in La photographie en France, André Rouillé, éditions Macula, 1989

Les dormeurs :

William Henry Fox Talbot, Nicolaas Henneman endormi, 1844

Hippolyte Bayard en noyé, 1840

Rodney Graham, Halcion Sleep, vidéo, 26mn, 1994

Sophie Calle, Les Dormeurs, 1979.

Andy Warhol, Sleep, film 5h, 1963

Sada Tangara, Big Sleep, 2000

Weegee, Heatspell, 1938

Nils Klinger, die Schlafenden, 2004

Chris Marker, La Jetée, 1962

Alfred Hitchcock, Psycho, 1960

samedi 27 août 2011

Un personnage quantique

"C"est presque comme un personnage quantique. Quand on essaie de l'attraper, il est déjà ailleurs." Paulo Branco

lundi 22 août 2011

L'origine

Mathieu Provansal - éditions P - 2011 / Brassaï - 1943

C'est l'image qui est faite aujourd'hui qui en appelle une autre plus ancienne. C'est elle, l'image d'aujourd'hui qui est l'image d'origine (le nouvel original?). Ainsi le passé succède toujours au présent et chaque image tire son lot. Chaque lecteur devient alors son propre historien.

Le retour des images à travers des expériences si différentes dessine un impensé (non pas une généalogie) qui dénature, au plein sens du terme, la compréhension trop immédiate de l'image actuelle.

voir aussi

William Henry Fox Talbot, Planche xxiv, Pencil of Nature, 1944-1946 / Guillaume Lapèze, 2010

Chacune des 24 planches de Pencil of Nature, édité en 6 fasciles entre 1844 et 1846, est accompagné d'un court texte donnant quelques explications d'ordre général sur ce nouvel art qu'est la photographie.

Planche XXIV - Corbeille de fruits

Le nombre de copies que l'on peut tirer à partir d'une simple image photographique originale semble quasiment illimité, pourvu qu'on retire de l'image la totalité du iodure avant de la copier. Si jamais il en restait la moindre trace, l'image ne résisterait pas à de nouvelles copies et disparaîtrait progressivement. Cette disparition est un effet chimique résultant de l'action conjuguée de la lumière du soleil et d'une infime parcelle de iodure. Alors que séparément ils n'ont aucune action, ils peuvent ensemble décomposer l'oxyde d'argent pour former à partir de lui un iodure incolore. Sachant cela, on peut obtenir un grand nombre de copies successives, aussi longtemps qu'on conserve avec soin l'image originale. Mais comme il est constitué uniquement de papier, cet original reste exposé à toute sorte d'accidents ; et si d'aventure il était déchiré ou abîmé, on ne pourrait bien sûr plus en faire aucune copie. La malchance a voulu que deux de nos premières planches soient endommagées de la sorte après de nombreuses copies. Pour les remplacer, on a dû reprendre la chambre noire et faire de nouvelles images à partir des sujets d'origine, ce qui permit de refaire des copies. Cependant, ce n'était plus la même lumière, la même ombre, la même heure du jour, etc., que la première fois, et l'on obtint en recommançant l'expérience un résultat d'aussi bonne qualité mais légèrement différent. Ces remarques expliquent aisément les différences qui se peuvent constater.

William Henry Fox Talbot, Pencil of Nature, 1844-1846

Le livre de Mathieu Provansal aux éditions P

Le site de Guillaume Lapèze

jeudi 4 août 2011

Picturediting#3, à l'imprimerie

cliquez sur les images pour les agrandir

Journée de travail à l'imprimerie Delort à Toulouse : c'est la fabrication du troisième numéro du journal Picturediting, édité par l'Ecole des Beaux-Arts.


Un « extérieur », pas un atelier circonscript, entendez-le donc aussi au sens architectural, comme un balcon, une terrasse, cette partie de l’architecture, de la maison, qui est entre dedans et dehors mais qui a ceci de particulier que l’on s’y rend en venant de l’intérieur. Voyez-le peut-être, pour ne pas quitter l’architecture, comme le perron, sur lequel on sort, mais qui est néamoins accessible des deux côtés.

Métaphorique, cet « extérieur » est le point où toute chose s’ouvre vers une autre : (ici) le fichier informatique vers l’encre d’imprimerie...

extrait de la conférence "contrat maint" à Caen le 29 avril 2011, P Poyet et F. Goria


Toutes les photos de la journée chez l'imprimeur sont : ici.