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dimanche 30 juin 2019

Un saut, deux photographes


Harry Shunk et János Kender, Le saut dans le vide, 1960

A partir de 1958, règne à Paris un joyeux climat d’effervescence notamment autour de la galerie Iris Clert et de ses artistes : Yves Klein, Arman ou encore Lucio Fontana. Les artistes inaugurent avec Yves Klein un art éphémère ponctué d’un certain goût pour l’évènement, le spectacle, le jeu, la provocation.   

En 1957, les photographes Harry Shunk et János Kender s'associent. À deux, ils se mettent à réaliser des reportages pour les artistes, les galeries et les revues d’art. La scène parisienne constitue le cœur de leur travail

Outre la galerie Iris Clert d'autres galeries vont avoir recours au duo Shunk-Kender pour documenter les manifestations en leurs lieux : la galerie J, fondée en 1961 par Pierre Restany et Jeanine de Goldschmidt, la galerie Ileana Sonnabend qui ouvre en 1962 ou encore la Galerie Alexandre Iolas, qui s’installe en 1964 à Paris.  

La série du « Saut dans le Vide » de Klein est réalisée le 19 octobre 1960 à Fontenay aux Roses. Le duo travaille de pair avec l’artiste pour créer une image. Celle-ci contribuera largement à sa notoriété et à celle de la galerie Iris Clert. Elle est imprimée dans le journal réalisé par l'artiste : Dimanche le 27 novembre 1960, sous le titre « Un homme dans l'espace » et devient l’emblème du travail de Klein, un symbole, un étendard, un geste évident et iconique.

Yves Klein, 19 octobre 1960
Le monochrome qui est aussi champion de judo, ceinture noire 4e dan, s’entraîne régulièrement à la lévitation dynamique ! (avec ou sans filet, au risque de sa vie).
Il prétend être en mesure d’aller rejoindre bientôt dans l’espace son œuvre préférée : une sculpture aérostatique composée de Mille et un Ballons bleus, qui, en 1957, s’enfuit de son exposition dans le ciel de Saint-Germain-des-Prés pour ne plus jamais revenir !
Libérer la sculpture du socle a été longtemps sa préoccupation. « Aujourd’hui le peintre de l’espace doit aller effectivement dans l’espace pour peindre, mais il doit y aller sans trucs, ni supercheries, ni non plus en avion, ni en parachute ou en fusée : il doit y aller par lui-même, avec une force individuelle autonome, en un mot, il doit être capable de léviter. »
Yves :
« Je suis le peintre de l’espace. Je ne suis pas un peintre abstrait, mais au contraire un figuratif, et un réaliste. Soyons honnêtes, pour peindre l’espace, je me dois de me rendre sur place, dans cet espace même. »
Yves Klein, extrait de Dimanche 27 novembre 1960 Le journal d'un seul jour, 1960 

Photographie anonyme
La tombe du Plongeur à Paestum
Aaron Siskind, Terrors and Pleasures of Levitation, No. 37, 1953   

jeudi 31 mars 2016

Instantanés (sauts)

StanleyForman, Incendie à Boston, 1975
SarahCharlesworth, Stills, 1980
Ed vanWijk, Zwembad, Delft, 1958-1962
Philippe Halsman, Jean Seberg, 1959
WilliamWegman, For a Moment..., 1971
GaryWinogrand, New York, 1955

Alexandre Rodchenko, Dive, 1930 et 1935
Kerry Skarbakka, Clint, 2002 (60 x72 cm)
Helmut Newton, Twiggy and Cat, 1967
John Baldessari, Upward Fall, 1986 (241 x 172 cm)
Richard Drew, 9 septembre 2001
Sarah Charlesworth, Stills, 1980

Il y a du sadisme dans l'instantané, à la fois du côté du spectateur (qui le conjure par le plaisir qu'il y prend) et du côté du photographe (qui le met en scène). Même dans une mise en scène bon enfant du style : "Eh bien ! Sautez maintenant !" (à la corde, d'un escalier, d'un mur, au filet, seul, en groupe, etc.), quelque chose se joue au-delà du jeu de société. On attend le faux pas, le lapsus gestuel, le je-ne-sais-quoi révélateur qui ne se produirait pas sans la consigne du meneur de jeu et l'artifice de l'instantané. Et la complaisance de ceux qui s'y prêtent n'y change rien, c'est toujours d'un jeu de la vérité qu'il s'agit. Rien ne le montre mieux que l'usage radical qu'en fait Philippe Halsman : "Dis-moi comment tu sautes, je te dirai qui tu es."
(...)
Cette composante sadique de l'instantané (qui est d'ordre structural, liée à l'altération de la figure humaine) se manifeste aussi d'une autre façon. Après tout, un de ses premiers outils a été un fusil (le fusil photographique de Marey), et l'on ne s'étonnera pas du choix privilégié qu'il fait des victimes : gens défenestrés (c'est lui qui réalise la gageure de Delacroix de dessiner le couvreur en train de tomber du toit) ou mitraillés (qu'on se rappelle la photo d'Oswald recevant la balle de Ruby), proies en tout genres, poursuites.

Sylvain Roumette, extrait du texte Immobile à grands pas, 198

vendredi 10 octobre 2014

Newspapers


Sarah Charlesworth, Herald Tribune, September 1977, 1977 (extrait)
Sarah Charlesworth est une artiste conceptuelle américaine (1947-2013). Elle travaille par séries photographiques sans vraiment se dire photographe. Dans les années 70 elle a mené une réflexion sur la place de l'image dans notre environnement, réflexion qui l'a conduit à fonder la revue The Fox avec Joseph Kosuth. En 1980, elle invente le concept d'In-Photograhy et réalise des pièces très réflexives sur (dans) le médium photographique. Associée à la "Picture Generation" mais aussi aux mouvements féministes, son parcours complexe l'a conduit de l'appropriation directe des images à la prise de vue et à l'exploration de la charge symbolique des images.

La pièce Herald Tribune, September 1977 est constituée de 26 tirages en noir et blanc reproduisant toutes les unes du quotidien Herald Tribune du mois de septembre 1977. Tous les textes ont été effacés. Seules restent les photos à leur place d'origine. La page est reproduite à l'échelle 1.



Sarah Charlesworth, The Guerilla, June 4, 5 1979 , 1979
La pièce The Guerilla, June 4, 5 1979 est constituée de 10 tirages en noir et blanc reproduisant à l'échelle 1 les pages de différents journaux. Les pages reproduites sont la une ou la dernière page de 10 journaux américains qui contiennent toutes la même photo de presse d'un guérillero sandiniste masqués.Tous les textes ont été effacés.


Sarah Charlesworth, Still, 1980, chaque photo 1m x 2m environ    
Les photographies de Stills sont des agrandisements en noir et blanc (1m x 2m environ) réalisés à partir de photos prélevées dans les journaux. Ces photos montrent des personnes sautant dans le vide pour échapper à des immeubles en feu et tenter de sauver leur vie mais aussi des personnes se suicidant. Ni l'intention ni l'issue du saut ne sont visibles.


Un des Objets de grève photographiés par Jean-Luc Moulène, témoignant de la grève des photograveurs du Herald Tribune le vendredi 5 juin 1987. La place des photographies est marquée par un rectangle blanc sous lequel on lit la légende et le nom du photographe.
Extrait du livre de Clément Chéroux, Diplopie, 2009
Installation du travail de Steven Daniel à l'Isdat dans le workshop de Eric Baudelaire en mars 2011. L'angle de la salle prend la place du pli central du journal, les images de la double page sont reproduites et agrandies à l'échelle de l'architecture, à leur place. Le texte est absent.