dimanche 23 janvier 2011

L'homme est la mesure

« l'homme est la mesure de toute chose » Protagoras

Galerie Lambert, exposition Locus Solus, Paris

Merci Amy pour l'acrobatie !

F.Goria, photogramme, Espace Electra, Paris

"Depuis que les Formations murales dans lesquelles on peut entrer existent, la conception qu'être dans l'oeuvre est possible doit avoir des mesures et des proportions se rapportant au corps. C'est une relation corporelle projective qui montre que ce n'est pas seulement notre perception visuelle qui a une valeur mais le corps qui a un sens et une signification. Les idées traditionnelles de l'oeuvre sont aussi conservées dans ces Formations murales. Celles avec des sites pour se tenir debout sur / à l'intérieur de sont différentes. En les regardant / contemplant elles peuvent être vues comme des sculptures picturales ou des peintures sculpturales qui invitent le corps à devenir une part d'elles-mêmes. Mais lorsque nous entrons en elles, leur définition change. Elles sont complétées par le corps et se transforment en socle sur et dans lequel l'acteur se tient debout. Les deux positions : regarder / voir et être à l'intérieur de sont deux définitions basiques et différentes du travail. Et les deux sont à leur manière quelque chose de fragmentaire..."

Entretien de Franz Erhard Walther par Roselyne Marsaud Perrodin in la revue "Pratiques"

Oskar Schlemmer, L'Homme dans la sphère des idées, 1928
Le Corbusier, Modulor
Franz Erhard Walther, Modelage de jaune, 1980-1981

dessins de Francesco di Giorgio Martini, Leonardo da Vinci, Oskar Schlemmer...

Nancy Wilson-Pajic, de la série Falling Angels, 1997

un court portrait de Nancy Wilson-Pajic évoquant le photogramme.
D'autres oeuvres ici.

dimanche 16 janvier 2011

Appelé par son nom

Suzanne Lafont, Appelé par son nom, Arles, éditions Acte sud, 2003

Entretien avec Suzanne Lafont

Propos recueillis par Michel Poivert et Paul-Louis Roubert - Bulletin de la SFP, 7e série-N°17, novembre 2003.

Tout d'abord ce livre, Appelé par son nom, n'est ni une monographie ni un livre d'artiste. Comment l'avez-vous conçu ?
Comme une boîte à outils, c'est-à-dire rappelant l'activité de l'atelier. Le titre est la traduction littérale du terme « nomenclature ». Il évoque donc le classement. Je considère les images comme des pièces détachées et les manipule comme des cartes à jouer. Il m'arrive donc de les réutiliser à l'intérieur de configurations narratives différentes. Entre leurs diverses “entrées”, les images sont placées en réserve. Une question importante de ce livre a donc été celle du magasin d'images.

L'ouvrage présente deux parties très singulières qui ouvrent et ferment l'ensemble : leur forme est celle d'une suite alphabétique faisant correspondre image et mot, mais l'enchaînement se fait sur deux registres, la partie haute de la page faisant apparaître des mots en français, la partie basse étant en anglais – les images identiques se retrouvant sur les deux registres dans un ordre différent. Cette forme, à la fois logique et susceptible de lectures divergentes, n'est donc pas un système.
Oui, c'est plutôt un jeu dont le moteur est le langage. À un moment de mon travail, j'ai ressenti la nécessité d'associer images et mots...

lire la suite sur le site de la SFP...


dimanche 9 janvier 2011

Couches sur couches

Christian Stock, Cube Paintings, 1983,1984,1985
Christian Stock vit à Vienne en Autriche, il expose depuis 1984. Dans la série des Cube Paintings, il dépose l'une sur l'autre des couches de peinture sur une toile carrée jusqu'à transformer cette dernière en un cube, volume dans l'espace. Vu de dessus nous sommes confrontés à une surface lisse et monochrome de peinture. Vu de côté nous découvrons une structure ondulée comme la surface de l'eau en mouvement ou des couches géologiques. Devant compter sur le temps de séchage, le processus est lent, quelques couches seulement peuvent être déposées dans une même journée. La fabrication d'une peinture dure plusieurs années au cours desquelles la stratification des couches donne forme au corps du tableau.
Christian Stock,
Black Cube Painting July 1989 - July 2000 Acrylic on canvas 15x15x15 cm
White Cube Painting July 1996 - August 2000 Acrylic on canvas 18x18x18 cm
Since November 2001 in the collection of Catharina Kahane Vienna
Plusieurs textes sur le travail de Christian Stock : ici.
Christian Stock, Yellow Cube Painting 14 December 1992 - 3 May 1995 Acrylic on canvas 18x18x18 cm, Since 1996 in the collection of Clemens Rhomberg Innsbruck
Il semble que des dépôts successifs de matière sur une surface puissent servir aussi bien à faire avancer cette surface dans l'espace réel qu'à la faire reculer dans un espace optique.
Ad Reinhardt au travail
Ad Reinhardt suspend ses peintures, 1966, NY
photographie de John Loengard pour Life
Ad Reinhardt, 1963, Ultimate Painting, 152.4 x 152.4 cm
A partir de 1960 et jusqu'à sa mort en 1967, Ad Reinhardt repeint sans cesse le même tableau, en adoptant la même structure cruciforme et en appliquant la même couleur sur la même surface. Il peint les Ultimate Paintings.
Ici l'art n'accorde plus rien à la représentation, le noir dans l'esprit de Reinhardt devait servir à dénier à la toile sa qualité d'écran et à couper court à toute idée de projection. Tout se qui se produit sur une Ultimate Painting naît de la peinture elle-même au sens physique du terme.
Si le peintre moderne avait construit son métier sur l'à-plat, la juxtaposition dans le plan des touches ou des unités picturales, sur le contraste simultané banissant le dessous, Reinhardt lui, revient à une pratique plus traditionnelle des sous-couches et des glacis. Il passe inlassablement les jus de peinture l'un sur l'autre. Le travail fastidieux des glacis était dans les ateliers du xviie siècle confié aux apprentis. Sa peinture est fragile, il n'y a pas de vernis. La perception des différentes intensités de noir nécessite un temps d'accommodation visuelle qui oblige le spectateur à un arrêt prolongé devant l'objet. D'où la quasi-impossibilité à reproduire ces peintures, ce dont il se délectait.
Un art qui ne s'inscrirait pas dans la dépendance des techniques de reproduction, ni à leur service, mais qui choisirait de se répéter pour mieux échapper à l'obsession du contexte.
(à partir d'un texte de Hubert Damisch)

Ad Reinhardt, 1966, Gouache sur papier photographique, 24.8 x 16.8 cm, Moma

mercredi 5 janvier 2011

Picturediting#2

photographie de Léa Pages

photographie de Marine Semeria


Le journal Picturediting#2 a été réalisé à l'imprimerie Delort à Toulouse. Une journée intense en compagnie du conducteur offset. Formidable. Nous allons cette année renouveller l'expérience avec Catherine Guiral et les étudiants prêts à s'investir dans cette entreprise de montage et remontage.

Avant d'imprimer cet objet, toujours promis aux manipulations, qui reste, après achèvement, mobile dans ces agencements et garde partout des traces visibles des multiples déplacements à l'oeuvre (des micro-intervalles proposés par Catherine aux superpositions d'images et décadrages) nous allons mettre en mouvement nos tables de travail, si diverses soient-elles : écrans, murs, plateaux, galeries virtuelles... Elles sont le lieu de construction de notre collectif, véritable lieu des opérations et, je crois, quelque chose de la jubilation qu'elles nous donnent passe dans l'objet fini.