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Kiripi Katembo, Mutiler, série un regard, 2008-2013, 80 x 120 cm
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Kiripi Katembo, Subir, série
un regard, 2008-2013, 80 x 120 cm
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Kiripi Katembo est né en 1979 à Goma, République démocratique du Congo et décédé en 2015, à Kinshasa, République démocratique du Congo, où il vivait et travaillait.
Kiripi Katembo a d’abord été peintre et vidéaste avant d’utiliser la photographie — ces images arrêtées — pour exprimer le rapport qu’il entretenait avec sa ville, Kinshasa. La série Un regard, réalisée entre 2008 et 2013, est arrivée par accident. Confronté à l’hostilité des habitants face à la caméra, Kiripi Katembo découvre qu'il peut utiliser les reflets des flaques d’eau disséminées sur les artères de la ville pour montrer le paysage urbain « et là tout se met en situation, les gens, l’architecture, les paysages… Les réflexions dans l’eau permettaient de contourner le problème de la visée directe en donnant une vision à la fois irréelle et pleine de détails très réels de ma ville. » Il présente les images en les retournant, ce qui leur confère un caractère réaliste pris dans une sorte d'apesanteur des objets. Une étrange familiarité fait surface dans l'interaction entre l'image reflétée et la présence des objets physiques sur le sols, pierres, bois, feuilles, bouteilles et cannettes. « Dans l'image inversée tout devient plus positif, plus beau, à la fois plus distant et plus concret ».  |
Kiripi Katembo, Naître,
Évolution, Survivre, Raka Raka, série un regard, 2008-2013 |
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Kiripi Katembo, Jupiter,
Monganga, Devenir, série un regard, 2008-2013 |
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Ismaïl Bahri, Orientations, 2010, vidéo, 20 mn
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Né en 1978 à Tunis, Tunisie / Vit et travaille entre Paris et Tunis
Ismaïl Bahri utilise la vidéo, le dessin, la sculpture, le son parfois des objets. Il développe un travail fondé sur des situations et des gestes ténus dont la logique inexorable finit par produire une forme de magie ou de grâce saisie au cœur de la matière. Il se place en observateur afin de mettre en place un dispositif qui lui permettra de capter des gestes et des expériences empiriques. Il prête attention à « ce qui se passe ». Des événements se manifestent à la périphérie du regard, le monde environnant apparaît "aux abords".
La vidéo Orientations est réalisée grâce à un dispositif optique très simple, grâce auquel l'apparition de fragments de ville donne des directions flottantes. Mais avant tout, le tremblement de l'optique aquatique éphémère, toujours sujet au renversement et qui requiert toute l'attention du filmeur, cette vulnérabilité contraire aux habituelles intrusions des appareils optiques trop frontaux, appelle la rencontre, la parole, les questions, le biais, le débordement. Dans le contrechamp on entend un interlocuteur.
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"Dans Orientations, l'encre est utilisée pour créer des images. Je me promène dans Tunis, tenant un verre rempli d'encre noire, et je filme la surface réfléchissante. En faisant la mise au point sur l'encre, elle devient un écran capable de recevoir des images. Fixer ce verre est une façon de cadrer et de filmer, et filmer cette lentille noire conduit à une réflexion sur l'acte de voir lui-même. Je m'intéresse également à la façon dont la surface d'encre permet aux images vidéo de vibrer et à la façon dont le regard, tout comme la caméra, tente de trouver la bonne distance entre ce matériau et les paysages environnants. Toute orientation semble vaine dans cette tentative d'ajustement permanent."
Cette vidéo, je l’ai faite en myope sans trop savoir ce que je faisais.
Là, se jouent différents niveaux de projections. La première projection est tout simplement celle de l’apparition, dans un verre, d’une image qui ne se fixe pas. L’autre niveau se situe à la fin du film, au moment où la caméra enregistre l’échange avec une personne venue me demander ce que je faisais. Sa voix et ses mots deviennent des projections du processus en cours à travers des questions telles que :
« Qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce que tu es en train de faire avec ce verre ? ».
Elles deviennent aussi le contrechamp, le miroir du filmeur, dont on ne voit jamais le visage, puisqu’elles le décrivent : « Tu es blanc, tu as un accent, je n’arrive pas à te situer », etc. Ce qui m’intéresse dans cette vidéo, c’est qu’elle devient un faisceau de projections multiples allant, par cercles concentriques, du verre filmé aux contextes traversés. À petite échelle, l’image qui apparaît dans le verre révèle les alentours, une perception plus élargie. L’expérience va troubler et être troublée par le milieu dans lequel elle se fait.
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Ismaïl Bahri, Orientations, 2010, vidéo, 20 mn |
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Caillebotte, Rue de Paris, temps de pluie, 1877, restauration au Art
Institute of Chicago
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Rodney Graham, Main Street Tree, 2006 |
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Claes Oldenburg, Upside Down City, 1962
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