lundi 10 mai 2010

Diachronie fantaisiste 1

"S'arrêter sur des similitudes apparentes, fixer les ressemblances formelles comme seuls critères pour relier des objets qui s'ignorent, (...). Diachronie fantaisiste."

Richard Monnier, My Recreative Method, éditions contrat maint, 2004

Dans la machine à photosculpter que Claudios Givaudan invente en 1925, le sujet à reproduire en relief est décomposé en tranches lumineuses et subdivisé ainsi en autant de profils-images. Cinq boîtes à lumière disposées en couronne autour du personnage répartissent l'éclairage sur le contour à reproduire. Toutes les sources sont placées sur un même plan perpendiculaire à l'axe de prise de vue. L'ensemble d'éclairage se déplace, à chaque prise de vue, d'une longueur égale à l'épaisseur d'une tranche à réaliser. L'avancement du film et sa perforation et le déplacement de l'éclairage sur le sujet se font automatiquement grâce à un moteur électrique. Le chariot porte-éclairage avance en même temps que le film avance dans l'appareil après chaque exposition, il est au repos pendant le temps de pose du sujet. Les profils-images obtenus sur le négatif sont reportés sur de fines feuilles de zinc sensibilisées et gravées par morsure dans un bain d'acide. Ces feuilles sont ensuite rigoureusement superposées grâce aux perforations du film. Les images sont exactement étageables. Les supports profils forment un creux qui sera la représentation du sujet.

The Big Wheel de Chris Burden d'abord montrée en 1979, est une sculpture cinétique dans laquelle la montée en régime d'un moteur de moto met en mouvement une roue d'acier massive dont la rotation se prolonge pendant deux heures et demi, révélant les processus de transfert et de stockage d'énergie.

>La vidéo de l'action (enfin... les deux premières minutes!) par Chris Burden


Dans le premier disposif le couplage des machines d'éclairage et de prise de vue sert à l'analyse de la forme en la découpant précisément en tranches. Deux systèmes de translation par le biais de rails et de perforations sont synchronisés dans une durée mesurée et saccadée, elle-même découpée en tronçons. Dans l'oeuvre de Chris Burden l'énergie initiale continue du moteur est transmise et stoquée par la grande roue qui la restitue lentement, et tout aussi continûment, dans son mouvement, après que le moteur du véhicule a été stoppé. A un certain moment les deux roues en contact, d'abord en phase, se distinguent et s'opposent, l'une prolongeant silencieusement dans une durée fluide et interminable, l'effort bruyant et rapide de l'autre.

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