Mathieu Provansal - éditions P - 2011 / Brassaï - 1943
C'est l'image qui est faite aujourd'hui qui en appelle une autre plus ancienne. C'est elle, l'image d'aujourd'hui qui est l'image d'origine (le nouvel original?). Ainsi le passé succède toujours au présent et chaque image tire son lot. Chaque lecteur devient alors son propre historien.
Le retour des images à travers des expériences si différentes dessine un impensé (non pas une généalogie) qui dénature, au plein sens du terme, la compréhension trop immédiate de l'image actuelle.
William Henry Fox Talbot, Planche xxiv, Pencil of Nature, 1944-1946 / Guillaume Lapèze, 2010
Chacune des 24 planches de Pencil of Nature, édité en 6 fasciles entre 1844 et 1846, est accompagné d'un court texte donnant quelques explications d'ordre général sur ce nouvel art qu'est la photographie.
Planche XXIV - Corbeille de fruits
Le nombre de copies que l'on peut tirer à partir d'une simple image photographique originale semble quasiment illimité, pourvu qu'on retire de l'image la totalité du iodure avant de la copier. Si jamais il en restait la moindre trace, l'image ne résisterait pas à de nouvelles copies et disparaîtrait progressivement. Cette disparition est un effet chimique résultant de l'action conjuguée de la lumière du soleil et d'une infime parcelle de iodure. Alors que séparément ils n'ont aucune action, ils peuvent ensemble décomposer l'oxyde d'argent pour former à partir de lui un iodure incolore. Sachant cela, on peut obtenir un grand nombre de copies successives, aussi longtemps qu'on conserve avec soin l'image originale. Mais comme il est constitué uniquement de papier, cet original reste exposé à toute sorte d'accidents ; et si d'aventure il était déchiré ou abîmé, on ne pourrait bien sûr plus en faire aucune copie. La malchance a voulu que deux de nos premières planches soient endommagées de la sorte après de nombreuses copies. Pour les remplacer, on a dû reprendre la chambre noire et faire de nouvelles images à partir des sujets d'origine, ce qui permit de refaire des copies. Cependant, ce n'était plus la même lumière, la même ombre, la même heure du jour, etc., que la première fois, et l'on obtint en recommançant l'expérience un résultat d'aussi bonne qualité mais légèrement différent. Ces remarques expliquent aisément les différences qui se peuvent constater.
William Henry Fox Talbot, Pencil of Nature, 1844-1846
Roberto Longhi avait retrouvé, au mur, dans le réfectoire d'un couvent de Jésuites à Dublin, "l'arrestation du christ au mont des oliviers" (si je n'écris pas de bêtise), du Caravage, tableau disparu de longue date, et a pu le reconnaître d'après une copie et des textes anciens, inventaires, descriptions, le mentionnant. J'aime beaucoup cette histoire.
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