dimanche 9 novembre 2014

Rolywholyover

John Cage, Rolywholyover A Circus, MOCA Los Angeles, 12 sept au 28 nov 1993.
 
Rolywholyover A Circus est la dernière exposition de John Cage, une exposition posthume.

Rolywholyover A Circus changeait chaque jour à tel point que les visiteurs pouvaient revenir souvent dans les galeries, ils ne voyaient jamais deux fois la même chose. Quelques mois avant sa mort le 12 août 1992, John Cage demande à un ami : "Quel est l'équivalent dans les arts visuels de 4:33 dans la musique ?" Celui-ci répondit en hésitant "nothingtoseeness" (rien-à-voir-ité) ?
Cage sourit et dit : "C'est ça!"


Comme dans une composition musicale le bruit extérieur fait intrusion. Le tic tac de l'horloge et l'immobilité du pianiste sont remplacés par des échéquiers et par l'ouverture et la fermeture des tiroirs."Le silence" de l'espace de représentation dans 4'33" est remplacé par "l'espace vide" du mur blanc à hauteur d'oeil dans Rolywholyover. Si le silence est bruit alors il en est de même de l'espace vide : le mur blanc est tout autant une partie de l'exposition que les objets d'art que l'on y accroche. 


Pour contrer toute préméditation, tout ici est sujet au changement. Trois fois par jour, chaque jour d'ouverture du musée, des membres du personnel changent cinq des objets de l'exposition, les déplaçant à différentes positions dans la galerie, les replaçant dans la réserve (l'aire de stockage ouverte fait partie de l'exposition) ou les déposant hors de vue, tout cela conformément à un tirage au sort élaboré à partir du I Ching. Le nombre de plus en plus important de trous laissés par les clous témoignent de ces changements.

Rolywholyover A Circus était une exposition en perpétuel changement, échantillonnage ou sampling aléatoire des richesses culturelles de la ville. Cent soixante œuvres avaient été choisies par Cage (des avant-gardes modernistes à des œuvres des années 1950 dont certaines du Black Mountain College) et une multitude d’objets provenant de quarante-cinq musées de New York ou de Los Angeles avaient été sélectionnés selon le I Ching. Les quatre sections étaient raccrochées plusieurs fois par jour, selon les propositions aléatoires d’un programme informatique créé pour l’occasion, la scénographie apparaissait progressivement en négatif grâce aux traces laissées par le déplacement des œuvres. La section Museumcircle accueillait entre autres du mobilier de style Shakers, deux tables et quatre meubles pour stocker des grains (seed cabinets), similaires à ceux qui décoraient l’appartement de John Cage. Les visiteurs étaient invités à jouer aux échecs, à ouvrir les tiroirs, à y laisser des objets ou à y consulter des notices d’œuvres potentiellement présentes dans l’exposition. La signalétique de l’exposition suivait le principe de non hiérarchisation de l’accrochage. Dans son article publié par le New York Times le 6 mai 1994, Roberta Smith évoquait des œuvres de Barbara Kruger présentées au coude à coude avec un boîtier d’alarme à incendie du XiXe siècle provenant du New York City Fire Museum et des éclairages de métro du New York Transit Museum. (Caroline Soyez-Petithomme)

Je me souviens d’une exposition réalisée au Moca de Los Angeles, par John Cage. Peu de mois après la mort de John Cage. C’était une exposition à caractère rétrospectif et démonstratif que John Cage avait entièrement prévue avant de mourir, et c’était au fond sa première très grande exposition institutionnelle et en même temps sa première exposition posthume. Au principe de cette exposition, il y avait simplement ceci, pour les trois salles qu’elle occupait, de très grandes salles pour deux d’entre elles, que toutes les œuvres y étaient accrochées selon les prescriptions d’un programme informatique aléatoire. Dans la grande salle principale de l’exposition étaient disposées sur un périmètre au sol, enfermées, les sculptures de la collection, et sur un autre périmètre au sol, mais sur des grilles, les peintures de la collection, et chaque matin, l’ordinateur définissait un programme de disposition des sculptures et d’accrochage des peintures aléatoire et la journée se passait à accrocher et le soir quand c’était terminé, eh bien ça allait continuer le lendemain autrement. On voyait donc cet accrochage Pénélope, en continu. C’était une exposition constamment en train de se faire et se défaire sous les yeux du visiteur, et surtout par les effets de rencontre que produit le hasard, qui permettait de sortir des collections des choses majeures et mineures en même temps et puis de juxtaposer la carpe et le lapin et c’était parfois inaudible et parfois incroyablement loquace, polyphonique par endroits, cacophonique par endroits mais toujours tendu, toujours nouveau. (C. Bernard)


Overpopulation and Art, a mesostic poem by John Cage : ici


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