 |
Jafar Panahi, Nuages, 2013-2016 |
En 2011, j’ai été condamné en appel à six ans de prison et à ne pas pouvoir sortir du pays ni faire des films pendant vingt ans. J’ai donc dû trouver des détours pour recommencer à travailler malgré l’interdit. […] En 2008, il y a eu la réélection à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad qui a provoqué un immense soulèvement populaire […]. Avec Mohammad Rasoulof nous avons réalisé un film sur ces événements. Un jour la police a débarqué chez moi et m’a arrêté.
Puisque je n’avais pas le droit de prendre ma caméra et d’aller dans les rues filmer des gens, que me restait-t-il à faire ? J’ai ouvert la fenêtre et je me suis dit : avec ma caméra, je vais filmer le ciel ! Il n’y aura personne dans le champ, mais il y aura des nuages ! Des nuages noirs et des nuages blancs, très présents dans le cadre, ce qui suffit peut-être à raconter une histoire… Pendant deux ans j’ai fait des photos de nuages.
Jafar Panahi
 |
Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb, Ceci n'est pas un film Iran, 2011, 74mn |
Dans Ceci n’est pas un film, qui est une sorte de « home movie » on voit Jafar Panahi dessiner au sol, avec du scotch le plan d'une scène d'un film qu'il imagine. Entre le tapis et les nuages, la terre et le ciel, il pense, travaille, résiste. Ce ciel-là, ce tapis-là sont de l'air respiré et un sol foulé, ils contiennent tout, contestation, colère, cinéma, société, changement, fondement, images, contact, projection…
"Comment puis-je travailler sur un tapis ?"