dimanche 12 janvier 2020

Picturediting#7- le journal

Journal Picturediting#7, 2019, isdaT


Le journal Picturediting#7 est monté à partir des photographies des étudiants qui suivent le cours. Cette pratique du montage s'exerce simultanément dans l'espace investi (de l'exposition) à distance sur les écrans (à travers des plateformes de partage, flickr ou tumblr) et sur la page (du journal). Pour le journal, les manipulations durent longtemps dans l'atelier de tirage numérique de l'isdaT. C'est un travail sans échéance, c'est pourquoi, cette fois-ci, trois promotions d'étudiants se sont trouvées embarquées dans l'aventure.


Il y a des temps regroupés ou de petits groupes décidés échangent et manipulent autour d'une machine. Les propositions sont affichées, contestées, reprises, refaites et laissées. Puis il y a le temps dilaté, celui de l'échange plus diffus, de loin en loin avec ceux qui se présentent dans l'atelier pour y faire autre chose mais peuvent lever le nez lors d'une suggestion. Des avis de loin en loin, une photo qui apparaît ailleurs et que l'on récupère sur la page, une chose qui passe ou qui est affichée par hasard et c'est la bonne ! Le jour où l'on refait tout. Un rapprochement d'images dû au planning de tirage mais que l'on repère. C'est le temps que l'on laisse à la chose (le montage) pour qu'elle se fasse. Ça bouge ! En jouant sur ces deux temporalités j'attends que quelque chose apparaisse. Même au cœur de l'action cette attente est manifeste. On retient de Roland Barthes (dans la Chambre claire) le noème de la photographie : "Ça a été." mais tout son parcours l'amène à : "C'est ça !", à tomber sur la fonction exclamative de la photographie. Un moment de vérité qui ne doit rien aux velléités de travail. Le journal n'a pas fonction de reproduction ou de documentation. C'est en soi une expérience qui nous révèle le contenu (le potentiel) d'images déjà là mais dormantes encore dans un cadre.


Sûr, le montage de plusieurs images sur une même surface peut ouvrir les cadres, rendre poreuses les significations, provoquer des rimes plastiques. Mais là, je voyais le blanc du papier comme un super-cadre, un trop-plan, un élément de paradigme (image, fond) à résoudre. Alors, nous avons laissé apparaître en couleur, les traces d'une première maquette d'où les photos avaient quitté leur emplacement. Les photos ont quitté un premier agencement pour se reconfigurer autrement sans changer de taille. Sur les pages on voit des photos, on voit des rectangles de couleur et on voit le blanc du papier. Chaque rectangle, par sa taille, s'appareille à une image. Du rectangle à l'image adéquate on mesure un trajet. Certaines photos n'ont pas bougé. Les couleurs des rectangles ont été puisées (à la pipette) dans les reproductions qu'une peintre venait faire, dans l'atelier, de ses peintures.

Maintenant, on regarde les montages en feuilletant dans ses doigts le journal Picturediting#7. Les pages non agrafés sont mobiles et en les défaisant, on fait apparaître d'autres montages (parfois suggérés par une image qui passe le pli central). L'objet initial défait, on remarque que des cadres se continuent sur des pages d'abord éloignées et en les raccordant on peut constituer trois affiches (en plus du poster central) et voir encore d'autres montages. Quand l'objet (le journal) sera usé par les manipulations on pourra toujours retrouver la première lecture linéaire grâce au pdf en ligne sur calameo et se consoler au bruit reconstitué (comique) de la fausse page qui tourne. Cette faiblesse nostalgique nous en viendrons à bout la prochaine fois en pensant à Roy Arden (Underthesun) et en nous penchant sur l'édition en ligne. (à suivre)

Journal Picturediting#7, 2019, isdaT
Les participants : Aurore Clavier, Adrien Julliard, Alice Simionovici, Benjamin Julienne, Catherine Martin, Chanwei Tang, Ekaterina Bunits, Florine Berthier, Guillaume Chalté, Hugo Salban Créma, Isanka Capallere, Ilyess El Habchi, Kaëlis Robert, Laura Caval, Mathilde Cartoux, Mélaine Coleiro, Marion Lefeuvre, Maeghan Leith Mourier, Naomi Henry, Nina Vial Mouillet, Paul Rigaud, Paul Vilacèque, Salomé Gaëta, Zhuang Han, Margot Debaisieux, Iris Garagnoux avec Rémy lidereau, Christine  Sibran et Françoise Goria

Tous les numéros en ligne sont.

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