samedi 6 février 2010

Broomberg & Chanarin


Broomberg & Chanarin, The Day Of One Hundred Dead, June 8, 2008, Galerie Karsten Greve

Broomberg & Chanarin, The Day Nobody Died IV, June 10, 2008, Galerie Karsten Greve


En juin 2008 Broomberg et Chanarin ont circulé en Afganistan, embarqués avec les unités de l'armée britanique sur la ligne de front dans la Province de Helmand. A la place de leur appareil photo, ils ont emporté un rouleau de papier photographique de 50 m par 76,5 cm de large transporté dans une simple boîte de carton imperméable à la lumière. Ils sont arrivés pendant le mois le plus meurtrier de la guerre. Le premier jour, un technicien de la bbc a été extirpé de sa voiture et exécuté et neuf soldats afgans furent tués dans une attaque suicide. Le jour suivant, trois soldats britaniques sont morts portant le nombre de victimes britaniques à cent. Les morts se sont succédés jusqu'au cinquième jour où personne n'a succombé. En réponse à chacun de ces événements, ainsi qu'à une série de moments plus ordinaires, comme la visite aux troupes du Duc de York accompagnée d'une conférence de presse, tout événement qu'un photographe se doit d'enregistrer. Broomberg et Chanarin à la place ont déroulé 7 m de papier et l'on exposé au soleil pendant 20 secondes. Les résultats — comme on peut le voir — refuse au spectateur l'effet cathartique offert par le langage conventionnel des réponses photographiques aux conflits et aux souffrances.
Le travail en tandem et l'évacuation délibérée de tout contenu, telles sont les conditions de la production du travail, lequel se résume à une performance absurde dans laquelle l'armée britanique, sans se douter de rien, a joué le rôle principal. Mise à contribution par les artistes pour transporter la boîte de papier photographique de Londres à Helmand, ces soldats ont aidé à transporter la boîte d'une base militaire à l'autre, en hélicoptère, en bus, sur des tanks, des jeeps. Au cours de cette performance, présentée dans un film, la boîte devient un objet absurde et subversif, sa non-fonctionnalité posée en un contrate assez amusant avec la fonctionnalité du système qui pour un temps l'accueille. Le voyage de la boîte est devenu, vu sous un certain angle, un processus analytique, révélant les dynamiques de la machine dans ses détails quotidiens, depuis la logistique de guerre jusqu'à la collusion entre les media et l'armée.
The Day Nobody Died comprend une série de photographies-action, radicalement non-figuratives et uniques proposant une critique radicale de la photographie de conflit, à l'ére du journalisme embarqué et au sein de la crise actuelle de la notion de témoin professionnel engagé.

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