Christian Stock, Cube Paintings, 1983,1984,1985 |
Christian Stock vit à Vienne en Autriche, il expose depuis 1984. Dans la série des Cube Paintings, il dépose l'une sur l'autre des couches de peinture sur une toile carrée jusqu'à transformer cette dernière en un cube, volume dans l'espace. Vu de dessus nous sommes confrontés à une surface lisse et monochrome de peinture. Vu de côté nous découvrons une structure ondulée comme la surface de l'eau en mouvement ou des couches géologiques. Devant compter sur le temps de séchage, le processus est lent, quelques couches seulement peuvent être déposées dans une même journée. La fabrication d'une peinture dure plusieurs années au cours desquelles la stratification des couches donne forme au corps du tableau.
Plusieurs textes sur le travail de Christian Stock : ici.
Christian Stock, Yellow Cube Painting 14 December 1992 - 3 May 1995 Acrylic on canvas 18x18x18 cm, Since 1996 in the collection of Clemens Rhomberg Innsbruck
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Il semble que des dépôts successifs de matière sur une surface puissent servir aussi bien à faire avancer cette surface dans l'espace réel qu'à la faire reculer dans un espace optique. |
Ad Reinhardt au travail |
Ad Reinhardt suspend ses peintures, 1966, NY
photographie de John Loengard pour Life
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Ad Reinhardt, 1963, Ultimate Painting, 152.4 x 152.4 cm |
A partir de 1960 et jusqu'à sa mort en 1967, Ad Reinhardt repeint sans cesse le même tableau, en adoptant la même structure cruciforme et en appliquant la même couleur sur la même surface. Il peint les Ultimate Paintings.
Ici l'art n'accorde plus rien à la représentation, le noir dans l'esprit de Reinhardt devait servir à dénier à la toile sa qualité d'écran et à couper court à toute idée de projection. Tout se qui se produit sur une Ultimate Painting naît de la peinture elle-même au sens physique du terme.
Si le peintre moderne avait construit son métier sur l'à-plat, la juxtaposition dans le plan des touches ou des unités picturales, sur le contraste simultané banissant le dessous, Reinhardt lui, revient à une pratique plus traditionnelle des sous-couches et des glacis. Il passe inlassablement les jus de peinture l'un sur l'autre. Le travail fastidieux des glacis était dans les ateliers du xviie siècle confié aux apprentis. Sa peinture est fragile, il n'y a pas de vernis. La perception des différentes intensités de noir nécessite un temps d'accommodation visuelle qui oblige le spectateur à un arrêt prolongé devant l'objet. D'où la quasi-impossibilité à reproduire ces peintures, ce dont il se délectait.
Un art qui ne s'inscrirait pas dans la dépendance des techniques de reproduction, ni à leur service, mais qui choisirait de se répéter pour mieux échapper à l'obsession du contexte.
(à partir d'un texte de Hubert Damisch)
Ad Reinhardt, 1966, Gouache sur papier photographique, 24.8 x 16.8 cm, Moma
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