Restait cependant l'idée d'inventer la méthode de transposition du chant général, d'essayer de rendre tangible à chacun le sédiment de tout tandis qu'il se fait, dans le moment extrême, si mince, où sa couche se dépose, où sa couleur définitive se fixe, où son bruit s'affaise sur lui-même. Mes doigts en action sur les claviers des machines à écrire disposèrent du cliquetis du monde et, tout à mon envie, j'enregistrai ainsi, ligne sur ligne, les empilant au fur à mesure en somme. (...)
D'une autre manière je peux dire qu'il s'agissait de déterminer des formes d'art plus propres à rendre des séries d'espace sonorisables, là où s'opère au plus juste certain "objet serré" du texte littéraire. Le repérage peut se faire, d'abîme en abîme, au plus loin, comme dans le "Dépot" ditUacalli, ou quelquefois même, au plus court. Ainsi de l'exercice suivant, auquel je m'étais livré, à propos de photographie, à travers les lettres de Kafka à Felice : lignes découpées, duKafka seul, rien d'autre.
Denis Roche, Dépôts de savoir & de technique, seuil, 1980
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Denis Roche, Dépôts de savoir & de technique, préface, l'escalier de Copàn, p.14
Chaque ligne de "dépôt" se présente en effet comme l'équivalent d'une prise photographique d'une réalité symbolique exogène ponctionnée puis redisposée dans l'espace-cadre. C'est ce que l'on pourrait appeler un "photogramme verbal" qui sert d'unité standardisé. Il s'agit en effet, à chaque fois, du prélèvement d'un même espace de texte et partant, d'un même nombre quantifiable de signes, de manière semblable à une série photographique prise avec la même vitesse d'obturation ou la même profondeur de champ.
Olivier Quintyn, Clicks n'cuts : collage, montage et échantillonnage dans les Dépôts de savoir & de technique in Denis Roche: l'un écrit, l'autre photographie, ENS éditions, 2007
De l'escalier de Copàn je ne connaissais qu'une photo, publiée dans un ouvrage général sur l'architecture maya. (...)
Il y a 63 marches de pierres dont les contremarches sont tout entières occupées par des hiéroglyphes mayas, dont on sait la propension fâcheuse et merveilleuse qu'ils ont à ressembler à des visages ronds de profil. (...)
Une volée de 63 marches, qui en ne changeant rien du tout, faisaient que tout prenait : immense "dépôt" où les lettres ont pu être sculptées, qui monte en biais et s'intègre au paysage, qui subit les yeux des hommes comme on l'aura voulu : un signifiant de la beauté qui ne sera fait que de temps et sur lequel on peut marcher.
Denis Roche, Dépôts de savoir & de technique, seuil, 1980
La page film…
RépondreSupprimerJe voulais dire : un montage lecteur ?
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