La lumière est l'instrument de Bill Culbert. Son sujet et son matériaux à la fois. Source et objet. Sources de lumière et objets, ampoules, néons, soleil. Son objet théorique est-il l'abat-jour ? Lui qui renverse la perspective et articule la lumière
Photographies de Bill Culbert
Sunset I, 1990 (couleur, épreuve unique, 100x150 cm)- Wine glass with window, 2005 (RC-print 41 x 41 cm) - Wine Bonbonne, 2002 (RC-print 41 x 41 cm) - Bulb shadow I, 1975 (nb 19x19 cm) - Sunset III, 1992 (couleur, épreuve unique, 100x150 cm)
"Des récipients, des réceptacles, des brocs, des
verres... La qualité réfléchissante du verre évoque un fluide. La lumière
elle-même est fluide, à sa façon de glisser sur les surfaces. Mais
contrairement aux liquides, elle ne subit pas la contrainte de la pesanteur...
La fenêtre agit comme l'ouverture d'un diaphragmme : c'est un lieu de passage
de la lumière...
A mesure que l'ombre avance, elle devient plus grande. C'est
tout le contraire de ce que l'on voit quand on regarde par la fenêtre. La
lumière renverse la perspective. Lorsqu'une lumière projette une image, les
dimensions de celle-ci croissent avec la distance. Un jour, je me suis trouvé à
une table avec une vingtaine de personnes. Peut-être même une trentaine ou une
cinquantaine de chaque côté de la table. On passait un film. Il y avait donc un
projecteur à un bout de la table. A l'autre bout, la lumière du projecteur
agrandissait réellement l'image, alors que les gens devenaient de plus en plus
petits. La lumière équilibrait le champ de vision. C'était passionnant."
Extrait de l'entretien de Bill Culbert avec Yves Abrioux dans le catalogue Entre chien et loup, frac Limousin, 1995
Abat-jour / Seau, 1992 (9 photographies couleur, 40 x60 cm)
"Un seau est quelque chose de directionnel : il
contient un liquide et il le verse. L'abat-jour qui a presque la même forme que
le seau sert à articuler la lumière. A la canaliser. Je m'en suis souvent servi
; des ossatures d'abat-jour aussi. Ce sont des choses qui impliquent réellement
l'espace, comme le Space Modulator de
Moholy-Nagy, par exemple, ou son Space Light Machine. L'abat-jour est un modulateur d'espace. Je peux me
débarrasser de la lampe et me servir de l'ossature. C'est quelque chose de très
beau et qui paraît intemporel. Les abat-jour ressemblent à des vaisseaux
spatiaux ; ils ont l'air d'avoir quelque chose à voir avec l'avenir. Peut-être
ont-ils toujours eu cette allure. Regardez-les, prenez-les entre vos mains :
cette forme conique se rattache à notre physiologie."
Extrait de l'entretien de Bill Culbert avec Yves Abrioux dans le catalogue Entre chien et loup, frac Limousin, 1995
Bill Culbert, Cascade, bidons platiques et tubes fluorescents, 1986
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