Cet
appareil ne prend pas la photo, il la décrit. C'est la Descriptive Camera
inventée par Matt Richardson. Appuyer sur le bouton, attendre entre 3 et 6
minutes et l'appareil imprime une description de la scène visée. A l'intérieur
de l'appareil il y a une webcam qui capte l'image et une imprimante thermique
qui imprimera le texte.
Comment
ça marche. L'image est envoyée via internet à Amazon's Mechanical Turk,
un service d'exploitation du travail humain, où un employé pour un coût modique
décrit la scène qui lui est soumise. Le nom de ce service de Amazon fait
référence au premier automate joueur d'échecs au 18e siècle : un nain
caché dans une caisse actionnait astucieusement un mannequin portant cape et
turban.
Pour
l'instant. La traduction à distance de l'image produit un décalage cocasse et
interroge sur la façon de lire et d'interpréter les formes, sur le ton de la
phrase. Donnant même des idées pour accentuer finalement l'incompréhension et
l'écart entre une réalité complexe et la lecture d'une de ses images forcément
partielle. L'indigence textuelle contraste avec la sophistication croissante
des images numériques d'aujourd'hui.
Pour
quoi faire. L'analyse (humaine) de l'image produit des métadonnées,
lesquelles permettent d'associer des tags à l'image. Le recours à l'analyse de
l'image par l'homme est transitoire (car coûteuse) et on peut imaginer que
bientôt des systèmes mécaniques d'analyse des visages et des objets (via les
données gratuites de facebook par exemple) permettront très efficacement
d'indexer les images, de les référencer et de les trier. Cet appareil (photo ?)
participe d'un dispositif de collecte de données. La bataille des données. Ce
sont les données qui seront monnayables (donc utiles) et l'image doit
être traduite (un texte verdict ?).
Doit-on
comprendre que la part irréductible de l'image sera ce qui sera capable de
déjouer ce dispositif.
Il faut revendiquer l'image comme une profanation.
(C'est-à-dire
comme un acte capable de restituer
à l'usage commun ce qui en est soustrait.)
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