En mars 2011 dans le quotidien "Le Monde" photographie et texte témoignent de la guerre en Lybie. Jérôme Delay ou Olivier Jobard livrent photo et commentaires qui relatent la situation. Je ne peux m'empêcher de chercher à reconnaître l'image dans le texte. Mais le texte ne décrit pas l'image, il élargit en quelque sorte le champ. Le photographe témoigne. Ce qui s'est passé un peu avant, les conditions de la prise de vue, les évènements qui ont conduit à l'instant de la photo, ce qui plus tard est encore en rapport avec la photo prise. Beaucoup d'autres choses dans le texte auraient pu être (ont dû être) photographiées. La photo, dans le texte, tient en une phrase ou deux :
- L'exercice est
clair : nous devons photographier la liesse populaire et l'euphorie de la
victoire. Pas la mosquée au minaret arraché, pas les immeubles éventrés, pas
l'hôtel explosé.
- Sur le chemin,
dans le labyrinthe des ruelles de la médina, un marchand de tabac vend des
cigarettes américaines sous le regard omniprésent du colonel Mouammar Kadhafi.
- Je visite quelques
salles de classe. La première, où se tient un cours de biologie, compte bien
une vingtaine d'élèves, mais ce n'est pas le cas des autres.
Sauf la première image, que je ne retrouve pas dans le texte. Peut-être
: Ce qui reste du pouvoir... mais alors ici l'image est franchement un
commentaire du texte. Elle ouvre une dimension critique. Un trouble. Pas de carcasses de
voitures, ni d'enfants habillés en vert. L'ossature d'un panneaux publicitaire
détruit, frêle et abandonné : un front actif.
Il faut que la photographie entre dans la dimension critique du texte.
Ce jour-là, Willis Ronis, Mercure de France, 2006
Dans ce livre, Willy Ronis décrit les conditions dans
lesquelles il a pris ces 52 photographies et évoque les souvenirs qui s'y rattachent.
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