Philippe Migeat, les artistes Anri Sala et Gabriel Orozco, série Dix minutes dans le noir, 1998-2012 |
Ce que je recherchais à travers cette
obscurité c’est faire perdre au modèle les repères du monde réel, faire
abstraction de l’espace environnant, pour mieux capter non seulement les
traits, mais l’état d’esprit de la personne en ce moment précis. Dans le noir,
les personnes ne peuvent pas poser, dans le sens classique du terme, car tout
regard, miroir extérieur est absent; il reste alors une sorte état d’âme
apprivoisé par la lumière soudaine.
Dans la "Chambre Claire", Roland Barthes
disait à un moment donné : "Je voudrais en somme que mon image, mobile, cahotée
entre mille photos changeantes, au gré des situations, des âges, coïncide
toujours avec mon "moi". Ma quête dans ce travail est peut-être photographier
ce "moi" de tout un chacun, tout ce qui dépasse les simples traits physiques,
les contours de chaque visage portraituré. Je voudrais que l’âme transpire dans
la photo. Philippe Migeat
Auguste Sander, Homme du XXe siècle, Types et personnages de la grande ville, Photographe (August Sander) 1925 et Directeur du Musée de cire 1930 |
August Sander a presque exclusivement travaillé en lumière naturelle. Il utilisait
pour ses portraits une durée d'exposition réglable de deux à huit secondes.
Dans une revue de 1924, voilà comment il présente les avantages d'une
exposition longue pour les portraits : " ...Si le souhait de travailler
avec des temps de pose aussi courts que possible est certainement justifié pour
des raisons techniques, un bon nombre de facteurs esthétiques plaident contre
les expositions courtes. Un éclairage plus long évite cet aspect agard et figé
que l'on a suffisamment l'occasion de voir sur les photos tirées de films; par
les léger mouvements de surface liés à la respiration, cela donne plus de
vie."
Deux
façons d'utiliser la durée dans un dispositif de prise de vue.
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