lundi 25 mars 2013

Un moment de clarté

Michael Wolf, Tokyo compression, 2010
Erwin Blumenfeld, Wet Silk, 1937
Arnulf Rainer, Untitled (Face Farce), 1971
Laura Rives, sans titre#2, 2011
Si nous considérons l'art comme un tout constitué par l'ensemble des objets produits partout par tous les artistes. Un tout qui est un monde. Un tout mouvant, mobile, fluide qui assume à chaque instant une forme qui n'a pas de consistance organique. Une forme improvisée, momentanée, modifiable. Une forme que nous percevons de manière provisoire et parcellaire en fonction de points de vue. A l'instar des philosophes atomistes - comme Démocrite qui pensait que, tout étant produit par les atomes, seul leur arrangement différent produit la différence des formes et des objets - peut-on penser une nature de l'art dans laquelle la forme ne soit plus entendue comme "forme" fixe, réalisée, posée en quelque sorte comme un objet, mais comprise comme manière particulière de fluer, décrivant des dispositions provisoires d'objets, des configurations sans fixité ni nécessité naturelle et résultant d'un arrangement toujours sujet à changer ? C'est alors une modalité spécifique de la forme des choses, c'est une représentation de l'univers de l'art où les configurations particulières du mouvant se définissent comme fluements. Il y aura forcément une liaison profonde entre le sens que nous donnons au terme "forme" et la nature de l'art dont il est une des notions-clés.

Prendre forme, pour un travail, serait entrer dans un fluement, s'inscrire dans des configurations mouvantes et incessamment se transformer.

texte écrit suite à la conférence de Pascal Poyet le 18 mars 2013 à l'isdat de Toulouse, elle-même dite, entre autres choses, à partir du texte de Emile Benveniste sur la notion de rythme.


Eric Aupol, Vitae Nova # 17 - Deng Feng, 2012
Laura Letinsky, série To Say It Isnt So, sans titre #5, 1996
Marco Ristuccia, série One, No One and Une Hundred Thousand, #10, 2011
Harry Callahan, Chicago, 1953
Zoe Leonard, Sun Photographs, 2011-12

Des choses jetées là au hasard, le plus bel arrangement, ce monde-ci.
Fragment d'Héraclite n°124 traduit par Jean Bollack et Heinz Wismann



Laura Rives, sans titre #17, 2012

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