vendredi 10 mai 2013

Le méplat


Psyché, James Pradier, 1845
Antoine Etex
, Psyché, tombeau de James Pradier au Père Lachaise, 22 x 47 cm
Patrick Tosani, Chaussures de lait III, 2002, 92 x 120 cm

Le méplat est une technique de sculpture peu profonde souvent associée aux reliefs écrasés, schiacciato, inventés par Donatello. Il conjugue sur la même surface le réalisme des premiers plans et l'espace plus mental de la perspective. Entre gravure et sculpture, le méplat est-il un intermedia ? Le méplat, d'une autre façon est très utilisé dans l'art du relief musulman. Une manière de propager la lumière, de dessiner avec la lumière sur une surface peu voire non hierarchisée. La sculpture en méplat est sans ombre portée.

Patrick Tosani, Chaussures de lait III, 2002, 92 x 120 cm
Daguerre, Boulevard du Templ, Paris, 1838-1839
Deux chaussures : un corps. Le sol, gris, neutre, sur lequel sont posées les chaussures. L'ombre des chaussures, étirée à l'avant et à l'arrière des chaussures qui suggère la présence de deux sources lumineuses. Deux comme les chaussures. Sur une autre photo, pas d'ombre. Les chaussures sont noires. L'ombre est d'un gris plus foncé que celui du sol. Les chaussures sont remplies de lait. Remplir les chaussures de lait. Faire un tel geste suppose une idée. Une idée photographique. Entre le noir des chaussures et le blanc du lait, il y a un contraste maximum. Entre le lait et les chaussures, il y a une adéquation puisque les chaussures servent de moule. Le lait, blanc comme du plâtre est moulé dans les chaussures. Ce moulage est provisoire. Il ne prend pas, il coule. Davantage de lait a été versé que ne peut en contenir chaque chaussure. Les chaussures débordent. En débordant le lait dessine une flaque sur le sol gris. Le contour de cette flaque est sinueux. Deux flaques ? Le lait dessine, à l'intérieur des chaussures, un plan parallèle à celui du sol et distant de celui-ci de la hauteur de la chaussure. Les chaussures permettent de visualiser une épaisseur. Quelques centimètres de hauteur.
Walker EvansSharecoppers work shoes, New York, 1929
Patrick Tosani, Chaussures de lait II, 2002, 87 x 120 cm

"Une chaussure ordinaire peut avoir la profondeur d'un chapeau.

Pour vérifier la pointure d'une chaussure (ou la mienne), je place la plante de mon pied sur la semelle : elle ne doit alors ni dépasser celle-ci, ni être dépassée par elle.
Le contour de l'une suit celui de l'autre, à condition d'avoir pensé à utiliser la chaussure gauche avec le pied droit, ou inversement.

Dans des chaussures d'une pointure légèrement supérieure à la mienne, je mets des semelles.

Quand la semelle d'une chaussure de sport, dans laquelle de l'air a été injecté, est percée, chaque fois que le pied se pose sur le sol, on entend un petit sifflement.

Si j'ai enfilé des chaussettes épaisses, mes chaussures me paraîtront plus petites."
 
Nathalie Quintane, Chaussure, P.O.L, 1997


Françoise Goria, Chaussures, 1995

Il faut faire des photographies en méplat. 

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