Quand vous conduisez, vous pouvez regarder les choses sans vraiment être là. Vous pouvez photographier les endroits et les gens sans avoir à vous expliquer.
(...)
Je me sens souvent plus attaché aux endroits
quand je les ai traversés en voiture. J'ai envie d'y rester, d'y vivre même et
je prévois de revenir et d'explorer, mais je ne le fais pas. En regardant
l'endroit passer à toute vitesse, on peut en comprendre les formes comme en
tournant quelque chose dans sa main.
(...)
Le monde se présente rarement comme une vue.
Quand c'est le cas, nous nous arrêtons et nous le photographions.
Julian Opie, Conduire, édition contrat maint, 2002
Jean Hélion, Figure
tombée, 1939
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Ce tableau s'appelle aujourd’hui Figure
tombée, et je puis dire qu’il est célèbre. Mais parallèlement d’autres
manoeuvres, d’autres révolutions, d’autres troubles agitaient le monde et le
démolissaient comme j’avais moi-même détruit mon abstraction. Sous prétexte de
mûrir, il s’effondrait lui-même. On entendait des bruits de bottes. Hitler
tonitruait : la radio déjà rapportait ses discours incohérents comme des
paroles bouillantes. Chacun pressentait la chute proche. Mais dans le silence
de mon atelier, je me hâtais lentement. Je cherchais à mener mon œuvre à bout,
c’est-à-dire redécouvrir le monde en clair : à le nommer
insolemment.
Jean Hélion, A perte de vue, imec, 1997
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