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Barbara et Michael
Leisgen, Ecritures du soleil, 1974
Chris McCaw, Sunburn
GSP#223, 2008
Zoe Leonard, Sun Photographs, 2011 |
Nicéphore Niepce appela la première image
qu'il réalisa, en 1826, grâce à l'action de la lumière : une héliographie (du
grec helios, soleil et graphein, écrire). L'héliographie
désignait aussi la science consacrée à l'étude et la description du soleil.
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Penelope Umbrico, 8 799 661 Suns From Flickr (détail) 3/8/11-2011 |
Penelope Umbrico :
Ce projet a démarré le jour où j'ai trouvé 541 795
images de couchers du soleil en tapant le mot "sunset" sur la page
d'accueil de Flickr. J'ai recadré juste les soleils de ces images et les ai téléchargés
sur le site de Kodak, pour en faire faire des tirages standarts de 13 x 18 cm.
Pour chaque installation, le titre donne le nombre
de résultats obtenus en cherchant "sunset" sur Flickr le jour de l'impression de la pièce - par exemple, le titre de la pièce pour la Galerie
d'Art Moderne en Australie, était 2 303 057 Soleils depuis Flickr (détail) 9/25/07
et pour le Festival de Photo de New York c'était 3 221 717 Soleils depuis
Flickr (détail) 3/31/08 - le titre lui-même devenant un commentaire de
l'utilisation toujours croissante du partage photo sur le Web et une réflexion
sur l'omniprésence de contenu collectif prédéfini.
C'est très spécial que le soleil, essentiel à la
vie, toujours présent dans notre existence, symbole de lumière, de spiritualité,
d'éternité, toutes choses inaccessibles et éphémères, pourvoyeur tout-puissant
de chaleur, d'optimisme et de vitamine D et si universellement photographié,
trouve une voie d'expression sur Internet, le plus virtuel des espaces également
infini, mais en fonctionnant à l'intérieur d'un circuit électrique fermé. En
regardant à l'intérieur de cet espace électronique froid on trouve une fenêtre
virtuelle sur le monde naturel.
La
volonté de Barbara et Michael Leisgen de ne plus porter un regard extérieur sur le
paysage mais d’y prendre place, obligeant le paysage à lui-même s’écrire,
nécessita la constitution d’un nouveau langage. La nature n’est pas un support
neutre, un alibi à partir duquel Barbara et Michael Leisgen construiraient une vue. Le
soleil qui fait exister toute chose (ainsi que la photographie), est l’image,
sa condition, ainsi que son objet. Barbara et Michael forcent le soleil à
s’écrire, à produire sa langue, son propre alphabet. (Alexandre Vanautgaerden)
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Chris McCaw,
Sunburned GSP#142(Pacific Ocean), 2007. 11"x14" tirage unique, papier
baryté, négatif
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Chris McCaw :
En 2003 toute une nuit de prise de vue des étoiles
fut perdue en raison des effets du whisky. Incapable de me réveiller pour
fermer l'obturateur avant le lever du soleil, toutes les informations enregistrées
pendant la nuit ont été détruites. La lumière intense du soleil levant face à
l'objectif, était si puissante qu'elle a physiquement altéré le film. A partir
de là, j'ai élaboré la série Sunburn.
Au cours du processus, le soleil brûle littéralement
son parcours sur le support sensible à la lumière. Il pénètre à l’intérieur de l'appareil par l’objectif qui, à la façon
d’une loupe, focalise ses rayons sur le papier. Après des heures d'exposition, le ciel, à cause de l'intensité de l'exposition,
réagit par une solarisation - un renversement naturel de tonalité. Le négatif résultant
contient littéralement un trou brûlé et un paysage complètement renversé. Le
sujet de la photographie (le soleil) a transcendé l'idée qu'une photographie
est simplement une représentation de la réalité, il est physiquement passé à
travers la lentille et a réalisé "de lui-même" la pièce finale. C'est
un processus de création et de destruction, tout se passe à l'intérieur de la
chambre photographique.
Après beaucoup d'essais et d'erreurs, à la fin de
2006, j'ai choisi d'utiliser du papier photographique argentique baryté noir et
blanc. En mettant le papier dans mon porte-film, à la place du film, je crée un
négatif papier unique. Sans intermédiaire, la preuve de la brûlure est juste là,
au centre, et l'image solarisée devient positive. La gélatine du papier est
cuite et laisse de merveilleuses couleurs orange et rouge, avec la cendre qui
s'étend d'un noir brillant jusqu'à une surface métallique irisée. Le soleil est
devenu un participant actif dans le tirage lui-même.
(...) Ce que je préfère, c'est regarder la fumée
sortir de l'appareil photo pendant l'exposition et la petite odeur de guimauve
rôtie pendant que la gélatine cuit.
Dans la série Sun Photographs, Zoe
Leonard développe une réflexion sur le support photographique et une expérience
limite du regard :
"Je m' intéresse aux possibilités
d'abstraction de la photographie. En choisissant un sujet qu'il est impossible
de décrire, j'explore une façon de décrire la vue, l'expérience et le processus
réel de perception."
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Images du soleil actualisées sur le site de la nasa |
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