lundi 20 janvier 2014

Héliographie

Barbara et Michael Leisgen, Ecritures du soleil, 1974   
Chris McCaw, Sunburn GSP#223, 2008  
Zoe Leonard, Sun Photographs, 2011 
  
Nicéphore Niepce appela la première image qu'il réalisa, en 1826, grâce à l'action de la lumière : une héliographie (du grec helios, soleil et graphein, écrire). L'héliographie désignait aussi la science consacrée à l'étude et la description du soleil.

Penelope Umbrico, 8 799 661 Suns From Flickr (détail) 3/8/11-2011    
Penelope Umbrico :

Ce projet a démarré le jour où j'ai trouvé 541 795 images de couchers du soleil en tapant le mot "sunset" sur la page d'accueil de Flickr. J'ai recadré juste les soleils de ces images et les ai téléchargés sur le site de Kodak, pour en faire faire des tirages standarts de 13 x 18 cm.

Pour chaque installation, le titre donne le nombre de résultats obtenus en cherchant "sunset" sur Flickr le jour de l'impression de la pièce - par exemple, le titre de la pièce pour la Galerie d'Art Moderne en Australie, était 2 303 057 Soleils depuis Flickr (détail) 9/25/07 et pour le Festival de Photo de New York c'était 3 221 717 Soleils depuis Flickr (détail) 3/31/08 - le titre lui-même devenant un commentaire de l'utilisation toujours croissante du partage photo sur le Web et une réflexion sur l'omniprésence de contenu collectif prédéfini.

C'est très spécial que le soleil, essentiel à la vie, toujours présent dans notre existence, symbole de lumière, de spiritualité, d'éternité, toutes choses inaccessibles et éphémères, pourvoyeur tout-puissant de chaleur, d'optimisme et de vitamine D et si universellement photographié, trouve une voie d'expression sur Internet, le plus virtuel des espaces également infini, mais en fonctionnant à l'intérieur d'un circuit électrique fermé. En regardant à l'intérieur de cet espace électronique froid on trouve une fenêtre virtuelle sur le monde naturel.

Barbara et Michael Leisgen,
Les écritures du soleil, 1982 
La description du soleil,
84 x 124 cm, 1975
L'alphabet du soleil, dimensions variables, 1977
La volonté de Barbara et Michael Leisgen de ne plus porter un regard extérieur sur le paysage mais d’y prendre place, obligeant le paysage à lui-même s’écrire, nécessita la constitution d’un nouveau langage. La nature n’est pas un support neutre, un alibi à partir duquel Barbara et Michael Leisgen construiraient une vue. Le soleil qui fait exister toute chose (ainsi que la photographie), est l’image, sa condition, ainsi que son objet. Barbara et Michael forcent le soleil à s’écrire, à produire sa langue, son propre alphabet. (Alexandre Vanautgaerden)

Chris McCaw, Sunburned GSP#142(Pacific Ocean), 2007. 11"x14" tirage unique, papier baryté, négatif
Chris McCaw :

En 2003 toute une nuit de prise de vue des étoiles fut perdue en raison des effets du whisky. Incapable de me réveiller pour fermer l'obturateur avant le lever du soleil, toutes les informations enregistrées pendant la nuit ont été détruites. La lumière intense du soleil levant face à l'objectif, était si puissante qu'elle a physiquement altéré le film. A partir de là, j'ai élaboré la série Sunburn.

Au cours du processus, le soleil brûle littéralement son parcours sur le support sensible à la lumière. Il pénètre à l’intérieur de l'appareil par l’objectif qui, à la façon d’une loupe, focalise ses rayons sur le papier. Après des heures d'exposition, le ciel, à cause de l'intensité de l'exposition, réagit par une solarisation - un renversement naturel de tonalité. Le négatif résultant contient littéralement un trou brûlé et un paysage complètement renversé. Le sujet de la photographie (le soleil) a transcendé l'idée qu'une photographie est simplement une représentation de la réalité, il est physiquement passé à travers la lentille et a réalisé "de lui-même" la pièce finale. C'est un processus de création et de destruction, tout se passe à l'intérieur de la chambre photographique.

Après beaucoup d'essais et d'erreurs, à la fin de 2006, j'ai choisi d'utiliser du papier photographique argentique baryté noir et blanc. En mettant le papier dans mon porte-film, à la place du film, je crée un négatif papier unique. Sans intermédiaire, la preuve de la brûlure est juste là, au centre, et l'image solarisée devient positive. La gélatine du papier est cuite et laisse de merveilleuses couleurs orange et rouge, avec la cendre qui s'étend d'un noir brillant jusqu'à une surface métallique irisée. Le soleil est devenu un participant actif dans le tirage lui-même.

(...) Ce que je préfère, c'est regarder la fumée sortir de l'appareil photo pendant l'exposition et la petite odeur de guimauve rôtie pendant que la gélatine cuit.

Zoe Leonard, Sun Photograph, Galerie Gisela Capitain, Cologne, 2011
Dans la série Sun Photographs, Zoe Leonard développe une réflexion sur le support photographique et une expérience limite du regard :

"Je m' intéresse aux possibilités d'abstraction de la photographie. En choisissant un sujet qu'il est impossible de décrire, j'explore une façon de décrire la vue, l'expérience et le processus réel de perception."

Penelope Umbrico, Suns from Flickr,  Exposition From Here On, Arles, 2011
Images du soleil actualisées sur le site de la nasa
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