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John Baldessari, Man and Woman with Bridge, 1984 |
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John Baldessari, Brutus Killed Caesar, 1976 |
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John Baldessari, Brutus Killed Caesar, 1976, ensemble des pages |
Dans Brutus killed Caesar, Baldessari utilise une structure grammaticale pour réunir
différents éléments visuels. Deux des trois images de chaque page restent les
mêmes : à gauche, un homme jeune, à droite, un homme plus vieux. Seule l'image
entre eux deux - celle qui les relie - change d'une page à l'autre. Elle est en
relation avec le mot 'killed' de la phrase titre et semble décrire l'arme du
crime qui change donc d'une page à l'autre. Un couteau sur la première page,
puis un pistolet, plus loin un cintre, une peau de banane ou une plante verte,
une pince à linge, une pomme... Si certains objets s'arrangent bien d'une connotation
criminelle pour d'autres notre imagination doit travailler et parfois le doute
s'installe sur la réalisation de l'énoncé et le sens de lecture. Qui tue qui et
comment ? La ligne dure de
l'énoncé coincée entre les deux profils (les deux sujets) se trouve embarquée
dans les circonvolutions des narrations plus ou moins probables ou ambiguës
produites par les objets successifs.
Dans Man and Woman
with Bridge, c'est aussi l'espace entre les personnages qui est le lieu de
l'action. Une ligne dure entre les yeux, matérialisée par un tronc d'arbre (renversé au dessus
d'un précipice ?) sur lequel s'avance, depuis la jeune femme, hésitant, lentement, prudemment, à
tâton, un animal (un renard ?). Séparation autant que circulation et
possibilité d'une relation. L'espace où s'avance l'animal est circonscrit comme
un paysage extérieur. L'intention plus que l'action.
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Marina Abramovic et Ulay, Rest Energy, 1980 |
En
1980 Marina Abramovic et Ulay
mettent en scène ce qui est potentiellement la mort du couple, dans Rest Energy (1980 Video, 4:12 min, noir/blanc). Debouts face à face, Marina Abramovic tend un grand arc tandis qu'Ulay vise son coeur avec la flèche. Ils
sont immobiles, tous deux penchés en arrière, pendant plusieurs minutes. Un
microphone amplifie le son de leurs battements de coeur qui deviennent de plus
en plus rapides à mesure que la tension et l'adrénaline augmente. Entre eux
deux, la tension dangereuse de l'arc, image de l'amour retourné en puissance
de mort est maintenue par le seul poids de leurs corps penchés et immobiles.
Tandis que le son de l'organe visé rend perceptible une autre tension
faite d'inquiétude, de peur, de communication.
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Lucas de Leyde, Annonciation, Münich |
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