dimanche 5 janvier 2014

Space between

John Baldessari, Man and Woman with Bridge, 1984


John Baldessari, Brutus Killed Caesar, 1976

John Baldessari, Brutus Killed Caesar, 1976, ensemble des pages
Dans Brutus killed Caesar, Baldessari utilise une structure grammaticale pour réunir différents éléments visuels. Deux des trois images de chaque page restent les mêmes : à gauche, un homme jeune, à droite, un homme plus vieux. Seule l'image entre eux deux - celle qui les relie - change d'une page à l'autre. Elle est en relation avec le mot 'killed' de la phrase titre et semble décrire l'arme du crime qui change donc d'une page à l'autre. Un couteau sur la première page, puis un pistolet, plus loin un cintre, une peau de banane ou une plante verte, une pince à linge, une pomme... Si certains objets s'arrangent bien d'une connotation criminelle pour d'autres notre imagination doit travailler et parfois le doute s'installe sur la réalisation de l'énoncé et le sens de lecture. Qui tue qui et comment ?  La ligne dure de l'énoncé coincée entre les deux profils (les deux sujets) se trouve embarquée dans les circonvolutions des narrations plus ou moins probables ou ambiguës produites par les objets successifs.
Dans Man and Woman with Bridge, c'est aussi l'espace entre les personnages qui est le lieu de l'action. Une ligne dure entre les yeux, matérialisée par  un tronc d'arbre (renversé au dessus d'un précipice ?) sur lequel s'avance, depuis la jeune femme,  hésitant, lentement, prudemment, à tâton, un animal (un renard ?). Séparation autant que circulation et possibilité d'une relation. L'espace où s'avance l'animal est circonscrit comme un paysage extérieur. L'intention plus que l'action.

Marina Abramovic et Ulay, Rest Energy, 1980
En 1980 Marina Abramovic et Ulay mettent en scène ce qui est potentiellement la mort du couple, dans Rest Energy (1980 Video, 4:12 min, noir/blanc). Debouts face à face, Marina Abramovic tend un grand arc tandis qu'Ulay vise son coeur avec la flèche. Ils sont immobiles, tous deux penchés en arrière, pendant plusieurs minutes. Un microphone amplifie le son de leurs battements de coeur qui deviennent de plus en plus rapides à mesure que la tension et l'adrénaline augmente. Entre eux deux, la tension dangereuse de l'arc, image de l'amour retourné en puissance de mort est maintenue par le seul poids de leurs corps penchés et immobiles. Tandis que le son de l'organe visé rend perceptible une autre tension faite d'inquiétude, de peur, de communication.    
Lucas de Leyde, Annonciation, Münich

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