mercredi 12 février 2014

Les monuments de Passaic


Robert Smithson, Une visite aux monuments de Passaic, New Jersey, Artforum, décembre 1967
En septembre 1967 Robert Smithson s'embarque à New York à bord du bus n°30 de l'Inter-City Transport Compagnie pour une visite dans sa ville natale, Passaic. Au cours d'un périple au cœur des décombres de la société positiviste, il y découvre un musée à ciel ouvert, une Rome post-industrielle où poussent les" ruines à l'envers", un film photographique aux dimensions du paysage. Commence alors pour lui, une entreprise de sauvetage du paysage par le récit.

Les 24 photographies sélectionnées par Smithson sont sur l'image et le texte est à lire ici.



Robert Smithson, Une visite aux monuments de Passaic,  5 des 7 rouleaux de films réalisés

(…) Le soleil de midi "cinéma-isait" le site, faisant du pont de la rivière une image surexposée. A le photographier avec mon Instamatic 400, c'était comme si je photographiais une photographie. Le soleil était devenu une espèce d'ampoule monstrueuse projetant dans mon œil une série de plans fixes à travers l'Intamatic. En marchant sur le pont, c'était comme si je marchais sur une énorme photographie faite de bois et d'acier et, dessous, la rivière se présentait comme une énorme pellicule cinématographique qui n'eût rien montré d'autre qu'un blanc continu. (…)
Robert Smithson, Une visite aux monuments de Passaic,  New Jersey, Artforum, décembre 1967

Dan Graham sous-entend que Smithson fut l’un des initiateurs de l’utilisation de la pratique amateur dans l'art : « Ce qui me plaisait, c’était la photographie d’amateur, en tant que hobby. Comme Ruscha et Smithson, en fait, c’est lui qui avait découvert l’usage de l’Instamatic Kodak.» Smithson s’est effectivement approprié ce modèle photographique en endossant les us et coutumes de celui qui fait « le genre de photo que tout le monde pouvait faire ». Favorisant au premier chef la facilité d’exécution, Smithson pratiquait la photographie comme n’importe quel amateur de cette époque qui connut l’essor des loisirs et du tourisme de masse, en utilisant entre 1966 et 1971 le très populaire Eastman-Kodak Instamatic 400. Cet appareil cumulait plusieurs atouts : son prix abordable (une cinquantaine de dollars), sa portabilité ainsi que sa simplicité technique : le chargement de la pellicule était automatique, la focale figée de 1 m à l’infini et l’utilisateur n’avait qu’à régler l’exposition sur la fonction “soleil” ou “nuage”.
Katia Schneller, Sous l'emprise de l'instramatic, études photographiques n°19

Artforum, décembre 1967


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