|
Shirana Shahbazi, Sans titre,
installation, Aargauer
Kunsthaus Aarau, 2012
|
|
Shirana Shahbazi, Komposition 71-80, 2012
|
Shirana Shahbazi a quité l'Iran a l'âge de 11 ans pour vivre en allemagne où elle a fait des études artistiques qu'elle a poursuivit à Zurich. Ses photographies appartiennent à tous les genres de l'art : natures mortes, paysages, portraits, vanités, abstraction. Leurs formats sont divers allant de photographies de tailles modestes à d'autres monumentales. Outre l'éclectisme de ses sujets de prises de vues, elle varie les registres.
Sa série «Goftare Nik» («Good Words», 2000-2001) pourrait appartenir au documentaire et à une réflexion sur l’Iran contemporain. Dans cette série, comme dans les séries plus récentes réalisées en Chine et aux Etats-Unis, l’artiste photographie des paysages, des portraits, des scènes de rue, en recherchant une forme d’étrangeté dans la familiarité même des images. Les photographies abstraites, aux couleurs vives, sont elles, faites dans le style précis du studio de photographie commerciale, sans l'aide d'outils numériques. Pour faire ses compositions, elle photographie des socles peints et autres volumes géométriques; faisant parfois plusieurs images des mêmes objets, tournant les volumes entre les prises.
Depuis quelques années, elle transpose les images photographiques sur d'autres supports. Elle fait par exemple tisser de petits tapis d'après ses photographies ou fait retranscrire un cliché en une peinture murale grâce à l’habilité d’une équipe de peintres iraniens spécialistes des reproductions publicitaires à large échelle (Barbican Center à Londres). Elle combine une culture de l'image acquise en Allemagne qui lui font aborder ce médium d'une manière très précise et réflexive, conceptuelle, avec une autre culture, iranienne, dans laquelle l'image est attachée à d'autres fonctions et à d'autres pratiques. Elle réalise aussi des lithographies ou des affiches, souvent des livres.
|
Shirana Shahbazi, Goftare Nik/Good Words, 2000-2001)
|
"Mais au cours de ce travail je pensais à représenter la culture iranienne. Je ne
voulais pas faire un travail qui aurait de l'intérêt en Europe, mais pas en
Iran; c'était difficile à réaliser en raison des contextes différents - les
centres d'intérêt sont différents. Quand les gens en Iran voient mes photos
ordinaires de Téhéran, ils ne sont pas intéressés parce qu'ils connaissent tout
celà très bien. Alors, j'ai réfléchi à notre patrimoine visuel, à quel genre de
représentation nous avons en Iran, et la plupart du temps ce sont des tapis,
des mosaïques, des miniatures, la presse et la photographie documentaire et les
peintures de propagande. J'ai tenté d'analyser tout ça pour trouver le point
commun. Les sujets des miniatures sont de grands thèmes comme l'amour ou la
guerre ou un roi - c'est toujours de grands sujets dramatiques. Dans les
mosaïques, le sujet c'est l'éternité et Dieu et les vastes espaces. Les
peintures de propagande politiques montrent la plupart du temps des martyrs.
Elles sont faites avec beaucoup de précisions, mais en même temps, c'est un
moyen de production très fragile. J'ai découvert que nous ne représentions pas
les choses qui sont normales - un simple portrait, une montagne, et ainsi de
suite. Si une montagne est représenté alors elle doit être la plus haute, la
plus belle, la plus importante montagne. Puis j'ai exploré la culture orale, et
c'est pareil. La religion zoroastrienne fait partie de la culture iranienne
ancienne. "Bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions" est un si
grand titre! Par son allure immodeste, il allait très bien avec ce que je recherchais.
Donc, j'ai essayé de prendre quelque chose à cette idée de choses grandes,
belles, colorées, et pourtant en même temps ordinaires - remplacer les sujets. Je
voulais garder les attitudes, mais changer les sujets pour voir ce qui se
passe, pour voir si les gens peuvent trouver du sens en regardant ça."
|
Shirana Shahbazi,
[Voegel-08-2009] et [Diver-02-2011]
|
|
Shirana Shahbazi, [Farsh-08-2004],
tapis noué à la main, laine et soie - Stillleben,
peinture sur toile, 2009 - [Frucht-07-2009],
C-print sur aluminium - [Stilleben-35-2010],
C-print sur aluminium
|
Elle montre son travail en organisant des montages d'images spécifiques aux lieux dans lesquels elle intervient. De ce
fait l'image n'est pas stable et définie dans son format et son support mais joue
d'une plasticité qui lui permet de changer de signification suivant les
rapprochements opérés, d'éprouver architecturalement le lieu et la présence du
spectateur suivant les formats et les dispositions, de soulever les questions
de pratiques de l'image à l'intérieur d'un champ culturel donné en convoquant
des savoirs faire autre que celui du photographe par le changement de support
(affiche, peinture, tapis). Une tradition photographique ou picturale (les
natures mortes du XVIIe siècle) se confronte à l'imagerie publicitaire ou
médiatique (peinture murale, papier peint).
|
Shirana Shahbazi, vue d'installation, Hammer
Museum, Los Angeles, 2008
|
|
Shirana Shahbazi, Much Like Zero, vue d'installation,
Fotomuseum Winterthur, 2011 [objekt-24-2013], C-print sur aluminium |
Interview de l'artiste :
ici et
là
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire