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Picturediting#1, lundi 9 octobre 2017, Galerie du Quai, Isdat |
Tous ici, qui arrivons ce matin dans la galerie du Quai, sommes des "fabriqueurs". Fabriqueurs d'images et d'objets que nous apportons. Des objets d'art ? D'abord des objets qui nous concernent dans lesquels nous mettons le meilleur de nous-même. Oui, sans savoir vraiment pourquoi, attentifs à comment faire, nous avons l'habitude de regarder les objets que nous avons fait, presque de les scruter pour les faire parler, leur faire dire quelque chose de leur nécessité, c'est-à-dire de la nécessité pour nous, à travers eux, d'exercer notre présence au monde. Nous les regardons et en parlons alors du point de vue du fabriqueur.
Mais ce matin, dans la galerie du Quai, tous ces "fabriqueurs" se sont transformés en "regardeurs" ! La transformation passe par d'innombrables gestes connus exécutés dans l'espace partagé : dérouler, marcher, soulever, plaquer, reculer, redresser, clouer, écarter, lever… La transformation passe aussi par regarder. Oui mais, regarder avec. Car pour que chaque photo trouve sa place, pour les articuler, créer des différentiels et des rapports de surfaces qui mettent en mouvement les possibilités du sens, chacun a dû "lâcher" ses propres images, s'en déprendre et trouver une position d'extériorité au milieu des autres, pour entrer dans un processus combinatoire.
Le regardeur
Quelqu'un qui regarde, oui, je travaille pour lui. Si l'on me parle de public ou de spectateur, je ne sais pas qui c'est. Peut-être un outil marketing ? Donc, disons que le "regardeur", c'est celui à qui l'on passe l'œuvre, parce que c'est ça dont il s'agit, dans le fond. Un artiste produit un objet et à un moment donné, il s'en sépare, et quelqu'un d'autre le regarde. Et c'est à ce moment-là que commence la vie de l'œuvre : pour qu'elle existe, il faut que l'artiste s'en sépare. Je pense que cette coupure est l'acte essentiel pour qu'un travail devienne une œuvre — et qu'un regardeur se mette à exister. Cette coupure est un cadeau. C'est aussi pour cela que l'œuvre se doit d'être close. Parce qu'elle ne communique pas les résultats d'une expérience, elle permet l'expérience. Et à cette fin, il faut fournir au regardeur un objet parfaitement clos ou expiré de façon à ce que ce soit lui qui l'ouvre ou l'inspire.
Jean-Luc Moulène, catalogue Centre Pompidou, 2016
Mais ce matin, dans la galerie du Quai, tous ces "fabriqueurs" se sont transformés en "regardeurs" ! La transformation passe par d'innombrables gestes connus exécutés dans l'espace partagé : dérouler, marcher, soulever, plaquer, reculer, redresser, clouer, écarter, lever… La transformation passe aussi par regarder. Oui mais, regarder avec. Car pour que chaque photo trouve sa place, pour les articuler, créer des différentiels et des rapports de surfaces qui mettent en mouvement les possibilités du sens, chacun a dû "lâcher" ses propres images, s'en déprendre et trouver une position d'extériorité au milieu des autres, pour entrer dans un processus combinatoire.
Position du regardeur : celui qui s'active dans l'espace vacant (entre les objets), glissant de compagnie dans les intervalles, pour que le lieu dans sa totalité devienne maintenant, pour l'occasion, un espace précaire, unifié et mobile (démocratique).
Le regardeur
Quelqu'un qui regarde, oui, je travaille pour lui. Si l'on me parle de public ou de spectateur, je ne sais pas qui c'est. Peut-être un outil marketing ? Donc, disons que le "regardeur", c'est celui à qui l'on passe l'œuvre, parce que c'est ça dont il s'agit, dans le fond. Un artiste produit un objet et à un moment donné, il s'en sépare, et quelqu'un d'autre le regarde. Et c'est à ce moment-là que commence la vie de l'œuvre : pour qu'elle existe, il faut que l'artiste s'en sépare. Je pense que cette coupure est l'acte essentiel pour qu'un travail devienne une œuvre — et qu'un regardeur se mette à exister. Cette coupure est un cadeau. C'est aussi pour cela que l'œuvre se doit d'être close. Parce qu'elle ne communique pas les résultats d'une expérience, elle permet l'expérience. Et à cette fin, il faut fournir au regardeur un objet parfaitement clos ou expiré de façon à ce que ce soit lui qui l'ouvre ou l'inspire.
Jean-Luc Moulène, catalogue Centre Pompidou, 2016