Picturediting#5, lundi 4 décembre 2017, Galerie du Quai, Isdat Aurore Clavier |
Picturediting#5, lundi 4 décembre 2017, Galerie du Quai, Isdat Antonine Muscat |
Rien de plus facile, de plus "naturel" tant nous sommes captivés par les écrans : smartphones, tablettes, ordinateurs, vidéo projecteurs… Tirer une photo sur papier demande un effort, un travail de transposition, le choix d'une échelle, un réglage colorimétrique. Il faut la manipuler avec précaution. Tout un tas de difficultés. Quelle est la nécessité de cet effort ? Paradoxalement, l'apparition physique de l'image sur le support papier est devenue une abstraction. Il faut l'abstraire de la machine, distinguer ses différents éléments et la recomposer autrement avec d'autres images, dans un espace provisoire, se donnant autant à regarder qu'à lire ou à entendre (rythme).
Jusque-là nous avions le papier en commun. Chacun une surface imprimée, plus ou moins grande, de telle ou telle texture, disposée à sa façon dans l'espace ou sur les murs, prise dans un jeu de relations avec d'autres surfaces proches ou lointaines. Maintenant il y a plusieurs objets et événements distribués dans l'espace et le temps. Ces objets/événements cohabitent par contraste. Il n'y a aucune difficulté à mettre deux choses très différentes dans le même espace.
Picturediting#5, lundi 4 décembre 2017, Galerie du Quai, Isdat Antonine Muscat, Kaëlis Robert |
Picturediting#5, lundi 4 décembre 2017, Galerie du Quai, Isdat Aurore Clavier, Florence Berthier, Gay Ben Chetrit, Paul Rigaud, Paul Ricci |
Picturediting#5, lundi 4 décembre 2017, Galerie du Quai, Isdat performance d'Adrien Julliard |
Un empilement de douze plateaux de table sur deux tréteaux, le mot "amour" sur la tranche d'un des plateaux et plusieurs fois le mot "rien" sur une autre.
Quelqu'un qui tient devant son œil droit ou gauche un smartphone affichant l'image du même œil prise quelques secondes avant.
Deux écrans noirs au sol, lorsque l'on s'en approche, deux figures vertes s'extraient du noir et y replongent quand on se déplacent.
Appuyée contre le mur, une image sérigraphiée sur une plaque de métal.
Trois histoires pyrogravées sur trois boîtes contenant un casque pour entendre les sons d'un lieu.
Quelqu'un lit un texte, c'est à chacun de faire mentalement la photo.
Plusieurs personnes déambulent avec des photos de famille tatouées sur les bras, sur la nuque.
Un participant confie son smartphone à un autre pour qu'il y active des images de différents lieux.
Sur un socle deux formes organiques roses et blanches sortent d'une petite plaque de béton. Déformation de la surface : une chose se montre et constitution d'un volume : autre chose se cache.
En appuyant sur la pédale de la machine à coudre on fait avancer la ligne de couture sur le grand tissu blanc mais aussi défiler un ruban d'images couplé à la bobine de fil.
Au sol un visage perdu dans le sel.
Au mur, deux petites photos sur une bande de plexiglas.
Des personnages aux allures plus ou moins extravagantes affublés d'un écarteur de bouche s'activent avec des smartphones à bout de bras ou au bout de perches à selfie. Devant son ordinateur, un opérateur déplace les images prises en direct à la surface d'une projection.
Une bande son en provenance des deux enceintes qui encadrent la photographie d'un lieu sur l'écran d'un ordinateur. Mais c'est un montage de plans fixes qui inopinément s'animent.
Dans la petite salle noire attenante, une image fixe est projetée, photo ou plan fixe? L'intérieur d'un appartement. Rien ne bouge? Une bougie? Un réveil? Micro mouvements.
Ailleurs une projection sur un tas de farine et un feu d'artifice.
Toutes les photos de la journée sont : ici
Picturediting#5, lundi 4 décembre 2017, Galerie du Quai, Isdat Noanne Adam, Ilyess El Habchi, Naomi Henry, Cloé Labourdique |
Louis Marin, Opacité de la peinture, 1989
Pour lui [Roland Barthes], la photographie est constituée par le fait brut de son statut comme preuve, témoin muet sur lequel "il n'y a rien à ajouter". C'est à ce moment précis, lorsque ce qui lui donne valeur de preuve s'essentialise, que la photographie change de statut et devient un objet théorique, autrement dit une sorte de grille ou de filtre au moyen duquel on peut organiser les données d'un autre champ qui se trouve par rapport à lui en position seconde. La photographie est le centre à partir duquel on peut explorer ce champ, mais du fait de cette position centrale, la photographie devient, en quelque sorte, une tache aveugle. Rien à dire, du moins pas sur la photographie.
Rosalind Krauss, Le photographique, 1990
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