Têtes coupées des membres de la bande de Lampião tués dans une embuscade, Brésil, 1938 |
Communards dans leurs cercueils, photographie prise par Eugène Disdéri,1871 |
On transporta les têtes de Lampião et de ses compagnons de ville en ville, et village en village, dans une sorte de procession macabre mélangeant traditions solennelles et manifestations de réjouissance populaire, sacrée et profane. Le transport des têtes, au son d'une fanfare se fit à la manière des processions du vendredi saint. Quand le convoi arriva à Sant'Ana do Ipanema une foule immense le suivait. Pour impressionner durablement la population, les têtes des onze cangaceiros furent disposées sur un drap blanc étalé sur les marches de l'église. Tout autour était placés, avec un grand soucis de symétrie, les armes, les cartouchières, les besaces, les chapeaux des cangaceiros et deux machines à coudre.
COMMUNARDS
Une photographie connue aujourd'hui de la Commune de Paris est celle des morts alignés dans leurs cercueils, attribuée à Eugène Disdéri. (…) Le trouble et la violence qui naissent encore de cette photographie tiennent à l'ensemble des contradictions qui la construisent, à ce qu'elle est une image de cadavres. On a, avec elle, sous les yeux « l'image vivante d'une chose morte ». Et ce décalage entre la nature de la photographie et ce qu'elle montre est ici amplifié par l'espèce d'ironie cynique et sans doute involontaire avec laquelle la composition verticale et l'alignement des personnages rappellent, comme une dérision cruelle, la composition du portrait de groupe, la raideur, la solennité avec laquelle on se « met en place » dans la photographie en 1871. Ici, cette raideur ne s'accompagne pas du regard droit et sérieux que l'on connaît mais au contraire d'une absence de regard, d'une indifférence absolue au nôtre.
Christine Lapostolle, Plus vrai que le vrai, 1988
« Comme une preuve irréfutable
On coupa net toutes les têtes
Des féroces cangaceiros
Puis on les mit dans une boîte
De kérosène, bien remplies
D'eau salée, on les amena
En emportant les onze têtes
Soldats et officiers quittèrent
Angico, puis ils traversèrent
Le grand fleuve São Francisco
En direction de l'Alagoas
Arrivèrent à Sant'Ana
Sant'Ana do Ipanema
Le lieu d'exposition des têtes
Et là le peuple qui se presse
De partout de tout le sertão
Regarde stupéfait les têtes
Des cabras défaits de Lampião
On le fit car dans le Nordeste
On parlait sans cesse de Lampião
Le disant furieux invincible
Et qu'il avait le corps fermé
A l'abri des balles, des poignards
Protégé des dents des serpents
Je te le dis il a affaire
Avec Dieu et aussi le Diable
Personne jamais ne croira
Qu'il ait pu là perdre la vie
Ou jamais mourir de blessures
Pour lui rien d'autre que malemort. »
Manoel d'Almeida Filho, extrais du cordel 'Os Cabras de Lampião'
Portraits de
groupe d'étudiants en médecine
Thomas de
Keyser, la Leçon d'anatomie du docteur Sebastiaen Eghertsz de Vrij, 1619,
Amsterdam
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Roland Barthes, La Chambre claire, 1980
Robert Doisneau et
Photo de groupe
d'une compagnie militaire d'électriciens, 1918
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