vendredi 25 septembre 2020

Floor & Wall

Dan Graham, TV Camera/Monitor Performance, 1970

Bruce Nauman, Floor Wall Positions, vidéo nb 60mn, 1968

TrishaBrown, Walking on the Wall, 1971
On a utilisé une scène face au public, au niveau des yeux. Un moniteur télé est placé derrière le public, juste face au milieu de la scène. Les pieds face au public et couché à plat ventre, je roule parallèlement aux bords gauche et droit de la scène d'un côté à l'autre et je reviens, je recommence. Pendant que je roule, je dirige une caméra de télévision, tenue constamment à l'œil et raccordée par un câble au moniteur. Pendant que je roule, mon but est, le plus souvent possible, d'orienter la caméra sur l'image du moniteur. Quand ce but est atteint avec la caméra alors, un motif de feedback apparaît sur le moniteur : image à l'intérieur de l'image à l'intérieur de l'image. L'image du moniteur donne une vue "subjective", de l'intérieur, "l'œil de mon esprit". Cette vue tourne continuellement pendant que je roule. De ce point de vue, mes jambes dépassent et, en regardant à travers le viseur de la caméra, j'observe leur position ainsi que l'image du moniteur, afin d'ajuster ma visée.  

Un membre du public regardant le moniteur à l'arrière voit les choses depuis mon point de vue "subjectif" (dans le système de feedback de mon corps). Un membre du public regardant vers l'avant peut observer mon corps d'un point de vue extérieur - comme un objet extérieur. La vue du moniteur montre également le public, placé directement entre la caméra et l'écran, observant le processus d'orientation du performeur. Un spectateur tourné vers le moniteur arrière ne peut jamais observer (sur l'écran) son visage (il voit l'arrière de sa tête), mais peut observer le regard frontal des autres membres du public.  

Plus tard, les deux films réalisés sont projetés pour être vus sur des murs opposés. 

Dan Graham

Dan Graham, TV Camera/Monitor Performance, 1970
À la fin des années 60, Bruce Nauman termine ses études et s'installe dans un atelier à San Francisco. Il se pose alors des questions sur le rôle de l’artiste et sa véritable fonction. Il passe la plus grande partie de son temps à arpenter son atelier. De cette attitude obsessionnelle, il va faire une méthode de travail. Sans être danseur, mais néanmoins proche des préoccupations de certains chorégraphes comme Merce Cunningham ou Meredith Monk, Bruce Nauman incorpore des gestes simples et répétitifs dans son travail. Il dira plus tard : "Si j'étais un artiste et que j'étais à l'atelier, alors tout ce que je faisais à l'atelier devait être de l'art. À ce moment-là, l'art est devenu davantage une activité plutôt qu'un produit." 

"Debout, dos au mur, pendant environ 45 secondes ou une minute, se pencher en avant du mur, puis plier la taille, s'accroupir, s'asseoir et enfin se coucher par terre. Il y avait sept positions différentes en relation au mur et au sol. Ensuite, j'ai refait toute la séquence en m'éloignant du mur face au mur, puis tourné à gauche, puis tourné sur la droite. Ça faisait 28 positions et ça a duré une heure." 

Bruce Nauman

La vidéo est  : ici

Bruce Nauman, Floor Wall Positions, vidéo nb 60mn, 1968
Le 30 mars 1971, Walking on the Wall de Trisha Brown a été créée pour la première fois au Whitney Museum of American Art de New York, avec sept danseurs : Carmen Beuchat, Trisha Brown, Douglas Dunn, Mark Gabor, Barbara Lloyd, Steve Paxton et Sylvia Whitman. Les danseurs se sont tenus, ont marché, et ont couru parallèlement au sol le long de deux murs adjacents, suspendus dans des harnais spéciaux fixés par des câbles aux chariots installés sur les rails le long du plafond. Les performeurs bougeaient, en tenue de danse, au son des chariots sur les rails. Tel était la bande son des danseurs pour accéder à cet état aérien. 

À chaque extrémité des murs, des échelles permettaient aux danseurs harnachés de monter plus haut sur le mur. Chaque performeur est sur une corde de longueur légèrement différente, et ils doivent négocier leurs croisements. Le public regarde les danseurs et se tient au milieu de l'espace, à la place habituelle de la scène. Il suit les mouvements en se déplaçant lui-même. 

Le mouvement des piétons le long des murs souligne la vulnérabilité et la confiance que les danseurs doivent avoir dans le dispositif qui les retient. La marche parallèle au sol évoque l'espace parce qu'ils défient la gravité. Un tel plaisir de l'abandon coexiste avec une structure très rigoureuse. Une action quotidienne (marcher) légèrement déplacée (sur le mur) montrant tout son processus de réalisation (rails et cordes) crée un espace de confrontation paradoxal (corps verticaux, corps horizontaux) parfaitement lisible (et visible) qui "ouvre" le lieu (le délimite).

Trisha Brown, Walking on the Wall, 1971 -
Trisha Brown, Man Walking Down the Side of a Building, 1970
   

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