Les kinoks entendent le montage comme organisation du monde visible.
Les kinoks distinguent :
1- Le montage au moment de l'observation : orientation de l'oeil désarmé dans n'importe quel lieux à n'importe quel moment.
2- Le montage après l'observation : organisation mentale de ce qui a été vu en fonction de tels ou tels indices caractéristiques.
3- Le montage pendant le tournage : orientation de l'œil armé de la caméra dans le lieu inspecté au point 1. Adaptation du tournage à quelques conditions qui se sont modifiées.
4- Le montage après le tournage : organisation grosso modo de ce qui a été filmé en fonction d'indices de base. Recherche des morceaux manquants dans le montage.
5- Le coup d'oeil (chasse aux morceaux de montage), orientation instantanée dans n'importe quel milieu visuel pour saisir les images de liaison nécessaires. Faculté d'attention exceptionnelle. règle de guerre : coup d'oeil, vitesse, pression.
6- Le montage définitif, mise en évidence des petits thèmes cachés sur le même plan que les grands. Réorganisation de tout le matériau dans la succession la meilleure. Mise en relief du pivot du film. Regoupement des situations de même nature et, enfin, calcul chiffré des groupements de montage.
Quand les conditions de tournage ne permettent pas l'observation préalable, dans le cas où, par exemple, la caméra prend en filature ou filme à l'improviste, on saute les deux premiers points et on applique les points 3 ou 5.
Pour tourner les scènes de petit métrage et pour les tournages urgents, il est permis de faire fusionner plusieurs points.
Dans tous les autres cas, que l'on tourne sur un thème ou sur plusieurs, tous les points doivent être respectés, le montage est ininterrompu, depuis la première observation jusqu'au film définitif.
Dziga Vertov, Articles, journaux, projets, éditions 10/18, 1972 (p.102-103, Les kinoks et le montage)
Le manifeste "Nous"
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