Un objet enfermé dans sa représentation.
Bertrand Lavier, Appareil photo Canon, 1981
Un objet photographique frotté sur l'objet de la représentation.
Une représentation trempée dans l'objet qu'elle représente.
Matthew Brandt, Hills Creek Lake OR 4, 2009
... Le Point de vue du Gras que Nicéphore Niepce a su fixer sur étain, par héliographie, en 1827 : image fragile, menacée, si proche de certains petits tableaux de Seurat dans son organisation et dans sa texture comme à l'état naissant; image incomparable, qui nous donne à rêver d'une matière photographique qui ne se confondrait pas avec celle de ce qui fait son "objet" ou son "sujet"...
Hubert Damisch, La Dénivelée, Seuil, 2001
Nicéphore Niepce, Point de vue du Gras, héliographie sur étain, 1827
Georges Seurat, Le Labourage, 1882-1883,
Crayon conté - 24,5 x 32 cm
Paris, Musée d’Orsay
Georges Seurat, Les Grues et la percée à Port-en-Bessin, 1888
C'est comme si l'appareil photo des années 1840 n'avait pas encore de lieu propre, était diffus dans l'espace, éclipsé par le phénomène de l'image qui, lorsque nous nous y habituons (comme à beaucoup de choses), se recentre sur l'appareil ; peut-être avec l'espoir de renouveler le phénomène en montrant le physique de ses moyens. En travaillant dans les écoles primaires cet hiver, j'ai remarqué que lorsque je proposais de représenter un objet son échelle, la tendance était de représenter un stylo, un c.d., ou un double-décimètre. Il me semble qu'en nous habituant au phénomène de l'image nous nous éloignons du souvenir qu'elle procède par une empreinte (ou plutôt qu'elle procédait, la technique allant dans ce sens aussi ; ainsi le cliché numérique passe rapidement dans la postérité, l'empreinte n'en est que l'étincelle puis tout procède ensuite par courant électrique). Bon, le commentaire est un peu long — et je l'allonge encore… aïe, stop.
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