Mise en place à l'Ecole des Beaux-arts de Toulouse d'une Cellule "Ciné-Photo-Vidéo" destinée à la fabrication de Ciné-Photo-Vidéo tracts.
"Le Rouge", Ciné-tract hors-série numéroté “ 1968 ”, fruit de la collaboration entre le peintre Gérard Fromanger et Jean-Luc Godard, est la version filmique d’une affiche créée par Fromanger dans le cadre des Ateliers Populaires de l’Ecole des Beaux-Arts, d’où sortirent les emblèmes les plus célèbres de Mai 68. C’est aussi une pointe visuelle, une figure d’acuité, selon l’expression de Balthazar Gracian, jésuite espagnol aimé des Situationnistes. Et puis c’est un prêté pour un rendu, une réponse somme toute courtoise et rieuse à d’autres peintres engagés, Pommereulle, Erro et Stämpfli qui, en 1967, venaient d’organiser une exposition intitulée “ la Peinture en action ”, et qui consistait non pas à montrer des tableaux mais à programmer des films de Fritz Lang, Eisenstein… et Godard."
"Les États généraux du cinéma naissent le 19 mai 1968. Ils réunissent jusqu’à 1500 personnes, professionnels ou non du cinéma, soucieuses de “ faire politiquement des films politiques ”, qui remettent en cause tous les aspects de la pratique cinématographique, production, réalisation, diffusion. Les États généraux servent de point de repère dans l’une des périodes les plus inventives formellement de l’histoire du cinéma : la propagation de ce que l’on pourrait appeler le Grand Style révolutionnaire. Inspiré des exemples soviétiques, des "Frontier Films" de Paul Strand et Leo Hurwitz, de Santiago Alvarez à Cuba ou de Fernando Solanas en Argentine, inspiré plus profondément encore par l’exemple héroïque du peuple vietnamien, un même style protestataire traverse les continents et fertilise une vague historique, les films de contre-information. Les Ciné-tracts, entreprise collective lancée par les États Généraux à l’initiative de Chris Marker, associent de nombreux protagonistes de l’avant-garde française, qu’ils soient cinéastes, peintres, photographes, acteurs ou techniciens : Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Gorin, Alain Resnais, Philippe Garrel, Jackie Raynal, Jean-Denis Bonan, Gérard Fromanger, Jacques Loiseleux et beaucoup d’autres. Chaque ciné-tract consiste à refilmer au banc-titre et sans montage des photographies de l’actualité en France et dans le monde, pour créer un petit poème visuel sur une bobine 16mm, soit 2 minutes 44. Les laboratoires étant en grève, une dérogation est accordée pour développer quand même les films de Mai parce qu’ils sont anonymes, collectifs et immédiats.
Selon leur protocole, les ciné-tracts doivent “contester–proposer-choquer-informer-interroger-affirmer-convaincre-penser-crier-rire-dénoncer-cultiver” afin de susciter la discussion et l’action.
Jean-Luc Godard expliquait en 1969 ce qu'étaient les ciné-tracts : « Les Ciné-tracts, c’est une idée de Chris Marker. Le magnétoscope et tous ces petits films, c’était un moyen simple et peu cher de faire du cinéma politique … Et surtout l’intérêt est moins la diffusion que la fabrication. Cela a un intérêt local de travailler ensemble et de discuter. Cela fait progresser. Et puis la diffusion peut se faire dans les appartements, les réunions. On peut les échanger avec d’autres films de comités d’action voisins. Cela permet de repenser à un niveau très simple et très concret le cinéma. Cette fabrication peut faire comprendre aux gens qui font du cinéma qu’il faut travailler avec les gens qui n’en font pas, et comme la fabrication est extrêmement simple, les gens qui n’en font pas comprennent que les problèmes de cinéma sont simples en fait, et qu’ils ne sont compliqués que parce que la situation politique les complique … Je crois qu’il faut faire les films avec ceux qui les voient".
Les ciné tracts existant encore, sont aujourd'hui distribués par ISKRA, anciennement SLON.
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