Rauschenberg a hésité entre la peinture et la photographie. L'impossibilité de mener à bien, pensait-il, deux activités essentielles en même temps l'a conduit à trancher en faveur de la peinture. Il y avait, cependant, à cela une raison majeure. S'il avait fait un autre choix, "ç'aurait été pour photographier toute l'étendue des Etats-Unis, centimètre carré après centimètre carré". devant l'incommensurable de la tâche, Rauschenberg a préféré devenir peintre. Commençant même, en peinture, par u n refus radical de l'image et de la figuration.
Youssef Ishaghpour - Rauschenberg - Editions Farrago Léo Scheer, 2003
...Mais Rauschenberg est pratique. Il prend les choses comme elle sont. Il sait qu'un tableau s'accroche à un mur et pas n'importe comment, mais le haut en haut et il sait aussi que le tableau, comme lui, change (lequel des deux le plus vite ? et les pyramides changent). Si possible, par différents moyens, il pousse à la roue : trous au travers desquels on voit, derrière la toile, le mur auquel est confié le tableau ; surfaces réfléchissantes qui changent ce qu'on voit au moyen de ce qui se passe ; lumières qui s'allument et s'éteignent ; et les radios. Les tableaux blancs étaient des aéroports pour les lumières, les ombres, les particules...
John Cage - Robert Rauschenberg, Artiste, et son Oeuvre in Silence - Denoël 1970
Au contraire, la peinture moderne est envahie, assiégée par les photos et les clichés qui s'installent déjà sur la toile avant même que le peintre ait commencé son travail. En effet ce serait une erreur de croire que le peintre travaille sur une surface blanche et vierge. La surface est déjà toute entière investie virtuellement par toutes sortes de clichés avec lesquel il faudra rompre.
Gilles Deleuze - Francis Bacon, logique de la sensation - Editions de la Différence, 1981
Il faut photographier l'étendue entière.
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