Robert
Rauschenberg, Automobile Tire Print, 1953
Jack Kerouac, On
the Road, 1951-1957
Piero
Manzoni, Ligne de 7200m, 1960
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Ces trois œuvres impliquent des processus de fabrication qui nécessitent enroulement ou déroulement. A chaque fois, c'est la durée qui, s'inscrivant dans une ligne, ouvre le cadre.
Robert Rauschenberg, Automobile Tire Print, 1953
Robert Rauschenberg et John Cage ont collaboré pour réaliser cette oeuvre. Rauschenberg a collé bout à bout 20 feuilles de papier à dessin pour former un rouleau qu'il a déroulé un dimanche dans Fulton Street. Dans la rue vide, il encrait le pneu arrière de la Ford Modèle A que conduisait, le plus droit possible, John Cage. Comme Erased de Kooning, cette oeuvre ne fut alors pas exposée mais largement connue par le bouche à oreille et discutée comme oeuvre processuelle. Automobile Tire Print est resté longtemps roulée et quand elle fut exposé à partir des années 70, elle fut déroulée suivant différentes longueurs. C'est en 1998, quand le moma en fit l'acquisition, qu'elle fut présentée entièrement déroulé.
Jack Kerouac, On the Road, 1951-1957
C'est le tapuscrit du roman de Jack Kerouac On the Road, commencé en avril 1951. Etant donné sa longueur : 120 pieds, soit un peu plus de 36 mètres il ne peut pas être déroulé entièrement. La fin manque, selon Kerouac elle aurait été mangée par un chien. Des rouleaux de calque d'architecte ont été collés bout à bout et introduits dans la machine à écrire. Le texte a été tapé en trois semaines, en un mouvement continu, sans arrêt, 6500 mots par jour. Il voulait enregistrer les choses qui se présentaient à son esprit avec la plus grande exactitude sans entraves techniques. Sa machine est devenue un instrument de composition. Truman Capote l'accusait de davantage taper qu'écrire. Lui tapait vite car, disait-il, la route est rapide.
Piero Manzoni, Ligne de 7200m, 1960
Assis sur le sol, Piero Manzoni, tenant à deux mains un gros stylo fabriqué spécialement pour l'occasion, trace un trait continu sur une bobine de papier qui tourne sur elle-même, se dévide en passant au-dessus de lui et est rembobinée par un ouvrier qui tourne une manivelle. Manzoni surveille ou contemple le défilement de la ligne sans voir la bobine qui s'enroule derrière lui. Nous savons que le public n'aura accès qu'à des boîtes contenant ces lignes et à l'extérieur desquelles des inscriptions mentionnent la longueur et la date d'exécution des lignes. A ce propos, le personnage en cravate est peut-être un huissier qui est chargé d'authentifier les faits qu'on ne pourra évidemment plus vérifier quand les boîtes seront scellées.
Les Lignes (1959-1961) désignent une durée d'exécution: une ligne, pour être tracée, ne peut accepter l'arrêt. Noires au milieu d'une bande de papier, les Lignes sont présentées enfermées dans de petits cylindres indiquant le jour de leur production et leur longueur.
Alors que Kandinsky assignait au point la concision même de la forme, chez Manzoni la ligne horizontale témoigne de la durée: « son unique dimension est le temps », écrit-il.
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Les séquences "Ouvrir l'Objet" reproduisent les écrans à partir desquels les séances du cours de photographie se font. Le propos de chaque séance est de développer (sens photographique) le contenu des écrans. Ce sont des montages de photographies hors-format. Ce sont des montages dialectiques parfois éclectiques à l'intérieur desquels des images entretiennent les unes avec les autres des séries de liens faibles. Le contenu d'un écran n'est pas la somme des pistes offertes par les images mais à l'intérieur du cheminement proposé par ces photographies (que réactivent les liens ci-dessus) la possibilité de détours, de hors-sujet, d'association d'idées, de déclics, d'emportements, d'égarements, bref la possibilité de laisser la place à ce qui arrive au fil d'un temps de parole collective partagée et qui constitue la saveur particulière de ce que nous appelons : cours. Peut-on atteindre (selon le mot de Roland Barthes) un montage idiorrythmique ?
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