dimanche 4 février 2018

Les orpailleurs

Sergei Eisenstein, Max Bill
Josef Albers  
Le type du tableau-rouleau est intéressant et démonstratif en ce sens que l'écho multiple et la redistribution des motifs y sont clairement perceptibles, du fait même qu'il est étiré en longueur, et qu'il est facile de suivre la ligne de chaque élément à travers les modulations successives par lesquelles il passe. 
(...) Il ne restait qu'à "briser" le cadre et à aligner les éléments en une rangée de segments au long du ruban en mouvement. Puis à découper ce ruban en "sujets" séparés. Et ensuite à les montrer au spectateur dans une succession rapide, pour atteindre non plus l'unité morphologique statique du tableau, mais une suite dynamique. C'est précisément ce qu'a fait le cinéma, et en tant que tel, il rejoint par ses traits essentiels les phases primitives de la peinture : tout ce passe comme s'il reproduisait sur la toile de l'écran la forme première du tableau-rouleau, mais cette fois dans le mouvement réel du ruban se déplaçant réellement, se segmentant ; non plus segmenté dans le cadre séparé des feuilles, mais surgissant des rectangles séparés : images composant la réalité même de par leur course.
Sergei Eisenstein, Structure, montage, passage

Marcel Duchamp, Oskar Schlemmer, Max Bill
A tout cela, il faut enfin ajouter cette opinion des philosophes : ils affirment que si la taille actuelle du ciel, des astres, des mers, des montagnes, des êtres animés eux-mêmes et, finalement, de tous les corps, était réduite de moitié par la volonté des êtres supérieurs, ils ne nous sembleraient peut-être diminués en aucune partie et nous apparaîtraient come ils sont maintenant. En effet, le grand, le petit, le long, le court, le haut, le bas, le large, l'étroit, le clair, l'obscur, le lumineux, le ténébreux, et toutes les qualités de ce genre que les philosophes appellent accidents, parce qu'elles peuvent être attribuées ou non aux choses, sont telles qu'on ne peut les appréhender que par comparaison.
Leon Battista Alberti, La Peinture

Richard Monnier, Billes et boîtes de conserves, 2007-2008  
L'orpailleur fait tourner le sable des rivières dans son tamis pour chercher des pépites. Je fais tourner des billes encrées à l'intérieur d'un cadre pour recueillir les traces de leurs mouvements. En roulant les unes contre les autres, les billes dessinent une sorte de grille ou de trame dont la forme varie en fonction de leur nombre et de leur diamètre.
Richard Monnier

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