mercredi 16 octobre 2019

Cailloux

Séance de photographie au caillou, isdaT le 7 octobre 2019
Q — Vous avez parlé tout à l'heure d'un piège de la vue, quelque chose comme ça, c'est votre appareil photo ? 
R — non, pas du tout, c'est avant, une chose que je faisais quand j'étais petit. Je fermais à demi les yeux, il ne restait plus qu'une mince fente par laquelle je regardais intensément ce que je voulais voir. Ensuite, je tournais trois fois sur moi-même et je pensais qu'ainsi, j'avais attrapé, prise au piège, ce que j'avais regardé, que je pourrais garder indéfiniment non seulement ce que j'avais vu, mais aussi les odeurs, les bruits. Bien sûr, à la longue, je me suis aperçu que mon truc ne marchait pas, c'est alors seulement que je me suis servi d'outils techniques pour y parvenir… 

Dans cette interview de Jacques-Henri Lartigue, relatée par Paul Virilio dans Esthétique de la disparition, nous voyons comment le petit Lartigue utilise tout son corps pour "prendre l'image".

Des gestes pour prendre l'image, isdaT, 7 octobre 2019
Rembrandt, La Lapidation de saint Étienne, 1625
Il y a un cercle du touché et du touchant, le touché saisit le touchant ; il y a un cercle du visible et du voyant, le voyant n'est pas sans existence visible ; il y a même inscription du touchant au visible, du voyant au tangible, et réciproquement, enfin il y a propagation de ces échanges à tous les corps de même type et de même style que je vois et touche,— et cela par la fondamentale fission ou ségrégation du sentant et du sensible qui, latéralement, fait communiquer les organes de mon corps et fonde la transitivité d'un corps à l'autre. Maurice Merleau-Ponty, Le Visible et l'invisible, 1964

Françoise Goria, Caillou, 2019

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