mardi 14 avril 2020

De l'eau, des algues, du bleu

Eva Aurich, série Le Temps qu'il fait, cyanotypes, 2014



Eva Aurich réalise des photogrammes de la pluie sur des cyanotypes. Un cyanotype se développe avec de l'eau. Ici l'image, donc, s'impressionne et se développe avec de l'eau. Où commence la première action, où commence la seconde. J'imagine qu'un temps d'arrêt est nécessaire entre les deux étapes pour qu'une forme apparaisse. Un temps de retrait pour que l'impact des gouttes sur le support, soustrait au flux de l'averse, s'immobilise et laisse une trace visible. Ou bien, cette discontinuité, utile pour que la forme ne se lave pas d'elle-même avant d'apparaître, est-elle comprise dans la pluie, dans sa façon de tomber. C'est ce que je cherche à voir en regardant ses nappes bleues piquées. Roland Barthes écrit : "Ça a été" en parlant de la photo. La pluie fait cette image ayant fini de tomber, au moment où les gouttes s'écrasent en bas, mais comment ne pas voir aussi le haut, un espace sec et stellaire, un ciel après-coup. Le temps qu'il fait, le temps qu'il faut. 

Anna Atkins (1799-1871) était botaniste, une femme photographe. Contemporaine de William Henry Fox Talbot et de John Herschel, l'inventeur du cyanotype. Cet herbier photographique est réalisé en exposant directement au soleil les planches d'algues séchées et applaties. Le procédé permet la reproduction de l'herbier source et l'édition du premier livre de photographie en 1843, British Algae : Cyanotype Impressions. Trois volumes paraitront entre 1843 et 1853. "La difficulté à faire des dessins précis d'objets aussi petits que la plupart des algues m'a incité à utiliser le beau procédé de cyanotype de Sir John Herschel, pour obtenir des impressions des plantes elles-mêmes."
 
Anna Atkins, British Algae : Cyanotype Impressions, 1843


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire