jeudi 22 septembre 2016

Une porte avec les images

James Welling, Images Over the Door, Jack Goldstein's Studio, 1977
James Welling, 2x4's Over the Door, Jack Goldstein's Studio, 1977
James Welling, Announcement and Aphorisms, Jack Goldstein's Studio, 1977
Quand il n'avait plus d'argent, Jack Goldstein, de toute manière, passait ce qu'il appelait "des jours tranquilles" en travaillant uniquement avec du texte. Le premier exemple qui nous reste de cela, ce sont les Aphorismes, dont certains ont été fixés au sein d'une remarquable série de photographies prises par son ami, l'artiste James Welling. C'était en 1977 et tous les deux, Goldstein et Welling, avaient des ateliers dans le Pacific Building, un HLM de Santa Monica. Une fascinante série d'objets était épinglée sur les murs de l'atelier de Goldstein : des flyers annonçant les conférences de l'artiste, des coupures de presse qui allait plus tard servir de source d'inspiration pour ses films ou ses performances, des Polaroïds de travaux en cours, et de nombreux Aphorismes, soit écrits à la main soit tapés à la machine sur des papiers blancs format standard 8½ x 11.
(traduction d'un extrait de texte de Carol Cheh)

James Welling, Ringling Bros, Jack Goldstein's Studio, 1977

Driving 5 miles to put gas in the car when there’s a gas station around the corner.
I set my alarm for 7:00 Clock but what if it fails to go off.
Lying to yourself even in your dreams
Tomorrow never comes.
My door is on fire

Jack Goldstein, MGM, 1975


Jack Goldstein sur UbuWeb : films
Jack Goldstein sur UbuWeb : sons

dimanche 14 août 2016

Un film d'horreur

Robert Smithson, instantané non retenu pour le nonsite "Line of Wreckage", Bayonne, New Jersey, 1968
Qui sait quel appareil photo choisir ? En fait, quand je marche dans un magasin photo, je me sens pris de faiblesse. La vue des rangées de matériel me remplit de lassitude et de mélancolie. Objectifs, posemètres, filtres, écrans, boîtes de pellicules, projecteurs, pieds, et tout le reste, ça me fait défaillir. Un magasin photo semble un cadre idéal pour un film d'horreur.
Robert Smithson, Art through the Camera's Eye, 1971

mardi 9 août 2016

Quitter ici, aller là

Géricault, Le Derby d'Epson, 1821
Eadweard Muybridge, 1878
Pourquoi le cheval photographié à l’instant où il ne touche pas le sol, en plein mouvement donc, ses jambes presque repliées sous lui, a-t-il l’air de sauter sur place ? Et pourquoi par contre les chevaux de Géricault courent-ils sur la toile, dans une posture portant qu’aucun cheval n’a jamais prise ? C’est que les chevaux du Derby d’Epsom me donnent à voir la prise du corps sur le sol, et que, selon une logique du corps et du monde que je connais bien, ces prises sur l’espace sont aussi des prises sur la durée. Rodin a ici un mot profond : «C’est l’artiste qui est véridique et c’est la photo qui est menteuse, car, dans la réalité, le temps ne s’arrête pas.» La photographie maintient ouverts les instants que la poussée du temps referme aussitôt, elle détruit le dépassement, l’empiètement, la «métamorphose» du temps, que la peinture rend visibles au contraire, parce que les chevaux ont en eux le « quitter ici, aller là », parce qu’ils ont un pied dans chaque instant.

Maurice Merleau-ponty, L'Œil et l'esprit, 1964 (chapitre IV)
 

mardi 5 juillet 2016

Nachleben

Laocoon, début du second siècle avant J.C - Match France Roumanie, Euro 2016
Cette façon de pousser les uns autour des 
autres et les uns dans les autres et la colère 
et l’aloha de cette façon de pousser ensemble 
et les uns autour des autres sème la confusion.

Juliana Spahr, Fuck You - Aloha - I Love You, 2001

photo du match trouvée par Olga
montage : Françoise Goria
texte traduit et proposé par Pascal Poyet