J'ai réagit là-bas en pensant que je ne ferai rien parce que l'image ne pouvait pas. On est dans un tel écart entre ce que les medias nous donnent à voir d'un pays et la réalité de ce pays, qui vit au quotidien. Comment avec des images j'essaie d'aider à reconstruire, à porter cette identité-là qui fait qu'un pays existe aussi par un peuple, une histoire, une culture pas seulement par des territoires reconnus ou pas.
Avec l'exposition, je construis des liens d'une image à l'autre, mais ces liens, j'espère qu'ils mènent bien au-delà de ce que moi j'y ai mis de manière un peu rhétorique. Je m'aide d'éléments, disons, musicaux, de couleurs, de tonalités, d'énergies, qui d'une image à l'autre vont créer des résonnances. Il y a très peu de mots qui peuvent décrire ça, ni légende, ni titre, c'est simplement comme ça à un moment donné.
Comment essayer de mettre en place une expérience de l'image davantage physique que lisible. Je ne suis pas du tout dans la lisibilité. Je me bats avec ça et c'est assez dur parce que les gens malgré tout ont cette relation à l'image qui est une relation d'indexation: je reconnais une chose, d'où ça vient, ce que c'est. J'essaie d'être au plus loin de ce type de relation à l'image.
L'exposition est organisée autour de deux villes. Là, il y a une salle plus chaude, plus terrienne, dans des tonalités d'ocres et de bruns qui montre une ville à la lisière, pas du tout autonome, c'est Jérusalem Est, le début de la Palestine. Dans la deuxième salle quelque chose de beaucoup plus froid plus aérien, Naplouse, une ville assez loin dans le Nord.
J'ai travaillé selon des logiques, mais je ne veux pas en donner les clefs car donner les clefs de ce travail de fourmi que je fais dans mon atelier c'est alors redonner au spectateur la possibilité de lire cette exposition, dans une trajectoire très rationnelle. Et j'espère que l'image a encore cette dimension qui vient de l'inconscient, qui vient de l'imaginaire et qui fait que, les gens peuvent y projeter des choses très différentes. C'est ça qui m'intéresse dans l'image. "
Valérie Jouve (retranscription d'une partie d'un entretien sur France Culture)
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