mardi 12 octobre 2010

Le phénomène

William Klein - Tokyo - 1954

« Le problème, avec les individus de cette espèce, cʼest quʼon a tendance à les découper en tranches […]. Alors que, quel que soit lʼintérêt particulier du film, de la photo ou du tableau, le truc véritablement passionnant, le phénomène, cʼest la totalité de ces expressions, leurs correspondances évidentes ou secrètes, leur interdépendance, leurs rimes. Ce qui fait que ce peintre ne devient pas photographe, puis cinéaste, mais part dʼune seule et unique préoccupation – percevoir et transmettre – pour la moduler dans tous les états possibles de la représentation. Comme sʼil émettait un faisceau particulièrement intense dont des écrans de matières et de formes diverses nous décrivent, en sʼinterposant, le chiffre. Un laser de Brighton. »

Chris Marker, William Klein, Graphis, n° 33, mai-juin 1978, p. 495.

Chris Marker utilise un outil théorique : le phénomène pour parler du travail de William Klein. Cet outil, qui l'amène à considérer davantage des modulations à l'intérieur du travail que des formes ou des états successifs de la représentation, lui permet d'accéder à la consistance de la personne. On peut voir dans cet excercice qui consiste à percevoir le phénomène d'un individu, la capacité d'une pensée en mouvement à rencontrer une autre pensée en mouvement par le biais d'un jeu, d'un autre mouvement, que David Antin a appelé, dans un livre éponyme, le "tuning". On peut voir aussi le phénomène comme l'équivalent du film dont le mouvement, dans la durée, est toujours bien plus et bien autre que l'addition de ses photogrammes et même de ses plans. Quand Johan Van der Keuken sustitue le "cadre essayé" au cadre utile, ne cherche-t-il pas aussi cet accord avec le phénomène de l'évènement plutôt que la saisie arrogante d'une apparence ?

- La publication sur éditions papiers d'un essai de Arnaud Lambert, auteur de Also known as Chris Marker, Le point du jour éditeur

- Sur chrismarker.org, beaucoup de choses sur Chris Marker par exemple une fiction Phénomène (n.m.) qu'il a publié dans la revue Trafic en 1999

- Un entretien d'archive de William Klein dans l'émission Cinéma vif de la Télévision Suisse Romane, le 29 mai 1968 - Journaliste : Rodolphe-Maurice Arlaud - Réalisateur : François Bardet



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