dimanche 31 août 2014

Sol, mur, plafond (2)

Frederick Kiesler, International Exhibition of New Theater Techniques, Vienne, 1924
Aujourd'hui la peinture encadrée sur le mur est devenue un cryptogramme décoratif sans vie ni signification, ou bien, pour l'observateur plus sensible, un objet d'intérêt existant dans un monde distinct du sien. Le cadre est immédiatement le symbole et l'agent d'une dualité artificielle entre "vision" et "réalité" ou entre "image" et "environnement", une barrière plastique à travers laquelle l'homme regarde depuis le monde qu'il habite vers un monde étranger dans lequel l'oeuvre d'art mène son existence. Cette barrière doit être dissoute : le cadre, aujourd'hui réduit à une rigidité arbitraire, doit regagner sa signification spatiale et architecturale.

Frederick Kiesler, 1942


Exposition "Weegee : Murder Is My Business" à la Photo League, New York, 1941
(exposition rejouée en 2012 à l'ICP de New York puis au Photomuseum de Anvers)

La série Sol, mur, plafond est un inventaire des différentes manières de montrer les photographies dans l'espace.
La taille, le tirage ou l'impression, le support, son épaisseur, sa rigidité, l'accrochage, l'empilement ou la juxtaposition, donc la visibilité ou pas, poser, lever, coller, appuyer, l'agencement, la nature des rapports, les registres d'images, l'intervention d'autres objets, ou de la couleur, le cadre, ou pas, la pérénité ou la précarité de la présentation, l'utilisation d'une structure portante ou du marouflage, la rigidité de la disposition, son ordre, ou les aléas d'un entassement, hasard ou mesure ... autant de paramètres qui déterminent l'existence des pictures, toutes les manières dont l'image peut prendre corps dans un espace.
(selon W.J.T. Mitchell)

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