Dora Maurer, Reversible and Changeable Phases of Mouvements, Etude n°4, 1972
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John Baldessari, Throwing Three Balls in the Air to Get a Straight Line (Best of Thirty-Six Attempts), 1973 |
Franz Erhard Walther, 1963 |
Un tableau est fait de près, même s'il est vu de loin. On dit de même que le compositeur n'entend pas : c'est qu'il a une audition rapprochée tandis que l'auditeur entend de loin. Et l'écrivain lui-même écrit avec une mémoire courte, tandis que le lecteur est supposé doué d'une mémoire longue. L'espace lisse, haptique et de vision rapprochée, a un premier aspect : c'est la variation continue de ses orientations, de ses repères et de ses raccordements ; il opère de proche en proche. Ainsi le désert, la steppe, la glace ou la mer, espace local de pure connexion. Contrairement à ce qu'on dit parfois, on n'y voit pas de loin, et on ne le voit pas de loin, on est jamais "en face", pas plus qu'on est "dedans" (on est "sur"...). Les orientations n'ont pas de constante, mais changent d'après les végétations, les occupations, les précipitations temporaires. Les repères n'ont pas de modèle visuel qui puisse les échanger entre eux, et les réunir dans une classe d'inertie assignable à un observateur immobile externe. Au contraire, ils sont liés à autant d'observateurs qu'on peut qualifier de "nomades", mais qui sont plutôt des nomades entretenant entre eux des rapports tactiles.
Gilles
Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux, 1980
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