Aby Warburg, Atlas Mnemosyne, Panneaux de l'exposition Rembrandt, 1926 |
Aby Warburg, Mnemosyne, planche 77, 1929 |
Rapprochements dissociatifs
«Avant toute chose, Mnemosyne est un dispositif photographique. (…)
Tel était bien, pour Warburg, l’atlas Mnemosyne : une façon d’avoir « sous la main » toute une multiplicité d’images, un outil pratique pour « sauter » facilement de l’une à l’autre. (…)
Il sait la folie de son projet initial : avoir voulu penser toutes les images ensemble avec toutes leurs relations possibles. (…)
Chaque montage à l’œuvre dans Mnemosyne libère, me semble-t-il, ce genre de paradoxes : les disparités manifestes sont presque toujours les marqueurs de liens latents, et les homologies manifestes sont presque toujours les marqueurs d’antinomies latentes. « Monter des images », ici, ne relève donc jamais d’un artifice narratif pour unifier les phénomènes épars mais au contraire, un outil dialectique où se scinde l’unité apparente des traditions figuratives en Occident. (…)
les manuscrits rédigés parallèlement à la constitution de l’atlas viennent appuyer cette pratique des « rapprochements dissociatifs » et déconstructifs – c’est-à-dire analytiques au sens fort – caractéristique du montage warburgien.(…)
la forme de montage inaugurée dans Mnemosyne tend à dépasser la disposition canonique du tableau comparatif, dans la mesure même où une forme non orthodoxe de dialectique, une dialectique proliférante, vient remplacer toute velléité de dialectique unifiante (…).»
Georges Didi-Huberman, L’image survivante, 2002, éditions de Minuit.
«Avant toute chose, Mnemosyne est un dispositif photographique. (…)
Tel était bien, pour Warburg, l’atlas Mnemosyne : une façon d’avoir « sous la main » toute une multiplicité d’images, un outil pratique pour « sauter » facilement de l’une à l’autre. (…)
Il sait la folie de son projet initial : avoir voulu penser toutes les images ensemble avec toutes leurs relations possibles. (…)
Chaque montage à l’œuvre dans Mnemosyne libère, me semble-t-il, ce genre de paradoxes : les disparités manifestes sont presque toujours les marqueurs de liens latents, et les homologies manifestes sont presque toujours les marqueurs d’antinomies latentes. « Monter des images », ici, ne relève donc jamais d’un artifice narratif pour unifier les phénomènes épars mais au contraire, un outil dialectique où se scinde l’unité apparente des traditions figuratives en Occident. (…)
les manuscrits rédigés parallèlement à la constitution de l’atlas viennent appuyer cette pratique des « rapprochements dissociatifs » et déconstructifs – c’est-à-dire analytiques au sens fort – caractéristique du montage warburgien.(…)
la forme de montage inaugurée dans Mnemosyne tend à dépasser la disposition canonique du tableau comparatif, dans la mesure même où une forme non orthodoxe de dialectique, une dialectique proliférante, vient remplacer toute velléité de dialectique unifiante (…).»
Georges Didi-Huberman, L’image survivante, 2002, éditions de Minuit.
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