vendredi 27 mars 2020

Une représentation trempée dans l'objet qu'elle représente

Matthew Brandt, Klamath Lake OR 4, 30x40cm, 2010
Salton Sea A1, 2006, papier salé tiré avec l'eau de la mer Salton, 30x40 inches     
Belen, Linda et Will, papiers salés tirés avec la sueur de Belem, la salive de Juan, Adrien et Jimmy, les larmes de Will, 2006-2007
Charles, Takiya, papiers salés tirés avec la morve de Charles et le Sang de Takiya, 2007
Matthew Brandt invente une photographie dans laquelle la représentation se confronte à la substance de l'objet représenté :

Le procédé utilisé dans la série "Lacs et Réservoirs" est assez simple. Je me rends près d'un lac ou d'un réservoir. Je le photographie et en récupère de l'eau. Puis je fais une impression numérique C'print que je trempe dans l'eau que j'ai collectée. Le résultat est la réaction de l'image de ce lac ou réservoir trempée, un certain temps, dans sa propre eau. L'image du lac rencontre la substance du lac. 

Avant cela, je faisais des portraits de personnes, des tirages sur papier salé en utilisant leurs propres fluides corporels pour produire chimiquement leur image. Par exemple, une photo de mon ami Will a été tirée avec ses larmes, leur teneur en sel servant pour produire l'image. J'étais donc déjà dans ce champ de représentation où l'image interagit avec le réel. J'ai toujours aimé penser à la photographie en relation avec les miroirs, ce qui est un cliché dans la photographie. 

Pour les prises de vues, dans cette série, je cherchais toujours la vue la plus "calendrier", la composition la plus englobante. Il y a certaines conventions pour faire de "bonnes" photographies, comme par exemple la "règle des tiers". Même si je savais que ces images seraient, par la suite, altérées, je cherchais toujours la meilleure photo que je pouvais faire en montant au sommet des collines, en accédant à des balcons, en attendant le soleil, etc. Je me réjouis de la perversité qui consiste à renverser tout ce travail photographique en le dégradant plus tard avec l'eau du lac. 

Il s'agit d'un paysage instable qui parle de deux types de dégradation : le niveau des eaux dans ces lacs un jour baissera et le procédé d'impression C'print sera obsolète. Les qualités de couleurs uniques du C'print permettent à ces images d'être si vives et vibrantes. Ce processus technique tellement étonnant est désormais dépassé par l'impression jet d'encre plus efficace.
Lake Mead, papier salé tiré avec l'eau du Lac Mead, 2006 
Matthew Brandt, Dexter Lake OR 7, 2010 et Marys Lake MT 2, 2011
Matthew Brandt, American lake WA E3, 2011 et Lake Union WA 4, 2010
Il faut tremper la photo dans l'objet qu'elle représente.

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