vendredi 6 novembre 2020

Étals ou clusters

Patrick Jackson, House of Double, installation, 2011-
Vlatka Horvat, Peripheral Awareness, 2014-16,
Gathered Round, 2013

Quelques objets sont regroupés pour une photo. Dans un cadre (une table, un sol, une couverture). À distance ou bien confinant les uns aux autres (c'est-à-dire se touchant) ou encore s'entassant, ils sont donnés à voir sur une surface.  

Patrick Jackson, House of Double, installation, 2011

En déposant ces sculptures dans un appartement j'utilise un espace qui active les dimensions spaciales mais aussi narratives de la construction. Souvent pour décrire mes sculptures je parle de cinéma. Tous les deux parlent des objets et du fait que notre relation aux objets nous constitue comme sujet. 

Vlatka Horvat, Peripheral Awareness, 2014-16

Peripheral Awareness. Sous forme d'une tension. Une série d'objets ronds ou tubulaires sont disposés sur les bords d'une table ordinaire. La stabilité de l'ensemble paraît précaire, chaque objet est au bord de la chute. L'aspect domestique du meuble contredit la dramaturgie de la chute. C'est un objet burlesque, nous assistons à l'évacuation de la table par les objets eux-mêmes, non par accident (le rouleau de scotch est tombé !) mais par préméditation (on veut descendre !).
La table évacuée, rangée, débarrassée de ses figurines sera-t-elle alors un monochrome, une abstraction, un meuble décoratif ? Et avant cela, de quel genre d'activité témoigne la grande distance sémantique entre les objets convoqués ? Cette activité décentrée est-elle elle-même viable ?

Vlatka Horvat, Gathered Round, 2013

Gathered Round est une pièce au sol constituée d'une constellation d'objets et de matériaux trouvés, tous circulaires. Parmi les objets ronds de l'agencement on reconnaît des éléments de la vie quotidienne (un pneu de vélo dégonflé, un cadre d'horloge, un moule à gâteau, une bobine de ruban adhésif), ainsi que des formes et des matériaux circulaires plus abstraits (diverses bobines, câbles, ceintures, cerceaux et bandes) - tous déplacés de leur utilisation et de leur lieu quotidiens et réutilisés ici dans un groupe déconcertant.
D'une part, l'œuvre se présente comme un jeu formel : rassembler tout ce qui est rond - travailler avec l'idée de confinement, poser la question de ce qui peut être enclos ou pris dans un espace délimité, et montrer l'impossibilité de cette tentative de saisir le monde physique à l'intérieur de lignes et de frontières. D'autre part, la pièce évoque l'image d'un paysage - une constellation d'îles, d'étangs, de flaques, de cailloux, de bulles… en plus d'apparaître comme une sorte de "croissance" à la surface du sol - un déversement, quelque chose bouillonnant ou ondulant sur le sol. La pièce devient une sorte de présence parasite qui altère et anime la texture et la trame du sol de la pièce, le montrant comme une surface instable, non solide et poreuse, criblée de trous et d'ouvertures. On sens quelque chose d'organique, une sorte de "formations naturelles" déplacées dans un intérieur, un espace construit.
 

Alejandra Laviada, série Photo Sculptures, Symphony, 2008 - Fischli & Weiss,The Carpet Shop from Wurst Series, 1979
 
Alejandra Laviada, série Photo Sculptures, Symphony, 2008

Alejandra Laviada vit et travaille à Mexico. Son travail explore la relation de la photographie avec d'autres médias artistiques, tels que la peinture et la sculpture. Les images émergent des intersections entre ces différents médiums et visent à remettre en question et à redéfinir les différents rôles et limites de la photographie. Chaque projet d'Alejandra se déroule sur un site différent qui est en cours de démolition ou de réaménagement. Elle photographie ses interventions dans ces espaces, et ne travaille qu'avec les objets qu'elle trouve dans chaque lieu. Les images modifient notre perception des objets du quotidien et reflètent une ville en transition, qui lutte pour concilier histoires passées et futures. 

Fischli & Weiss,The Carpet Shop from Wurst Series, 1979 

Trois bouts de cornichons regardent une pile de tapis tandis qu'un vendeur les conseille. En fait, ce ne sont pas des tapis mais des tranches de mortadelle et de saucisse de Lyon, et le vendeur est un radis.

Piazza Galimberti
Le samedi 30 novembre 2019, plus de 14 000 couvertures ont rempli la Piazza Galimberti à Cueno, en Italie, pour dire non à la violence contre les femmes.



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